CARNET DE JUSTICE DU JDM. 280 heures de travail d’intérêt général (TIG). C’est la durée maximale que peut infliger le tribunal correctionnel à un prévenu. C’est la peine à laquelle a été condamné un jeune homme de 19 ans hier en comparution immédiate. «Le tribunal ne vous envoie pas en prison, mais il n’oublie pas que le faits sont très graves», a expliqué le juge Planque au prévenu qui a donc échappé de peu à une peine de prison ferme.
Si la vie de ce jeune homme prend un tour bien malsain depuis le mois d’avril, le tribunal a voulu croire qu’il pouvait encore se sortir de cette très mauvaise passe.
Il était poursuivi pour deux séries de faits. Les plus graves se sont déroulés le 17 juin dernier à proximité du collège de Passamainty. Deux femmes attendent un taxi sur le bord de la route lorsque 4 jeunes hommes s’approchent. Ils leur demandent l’heure mais la question est un prétexte : ils ont l’intention de les dépouiller.
Deux individus ceinturent une des deux femmes par l’arrière, les complices leur font les poches et vident les sacs. Une des victimes résiste, l’un des garçons la mord alors au bras pour la faire lâcher. Les 4 jeunes repartent ensuite tranquillement vers le village avec deux téléphones portables, un Ipod, le contenu d’un portefeuille (carte bancaire, carte d’identité, carte vitale, 5 euros), laissant leurs malheureuses victimes choquées sur le trottoir. Plus tard, après avoir revendu les objets volés, ils empocheront chacun 10 euros.
Une identification formelle
Les femmes vont porter plainte et les policiers leur présentent alors des planches de photos pour tenter d’identifier les malfrats. Elles y reconnaissent avec certitude l’un de leurs agresseurs. Il est interpellé le 20 août et placé en garde à vue. Il nie d’abord sa participation puis admet finalement faire partie de la bande, même s’il maintient de pas être celui qui a pris les objets. Du point de vue de la loi, ça ne change pas grand-chose.
«C’était pour avoir de l’argent», se justifie-t-il à la barre tout en reconnaissant que «ce n’est pas un bon métier». C’est malgré tout une activité à laquelle il semble s’adonner régulièrement. Car les enquêteurs parviennent à faire le lien avec d’autres affaires. Son ADN «matche» avec celui retrouvé dans un autre dossier. Le 16 avril, la vitre d’une voiture est brisée en pleine nuit à Mamoudzou et le véhicule est méticuleusement fouillé. La tentative de vol échoue : il n’y a rien à prendre à l’intérieur de la voiture.
Des traces d’ADN
Mais les malfaiteurs laissent derrière eux une trace de choix : en brisant la vitre et en ouvrant la portière, l’un d’eux se coupe et des gouttes de sang tombent sur des papiers. C’est celui du prévenu. Une semaine après, pour une 3e affaire de vol aggravé, le jeune homme est déjà devant le tribunal en comparution immédiate. Il est condamné à 8 mois de prison avec sursis.
«C’est donc le métier que vous avez décidé de faire ?» interroge le magistrat. «Je veux faire plombier», répond le jeune homme… «Ce n’est pas de cette façon que vous vous dirigez vers la plomberie», regrette le juge.
Tête baissée
Le jeune homme vit encore chez sa mère qui est venue assister à l’audience. Il a 10 frères et sœurs. «La famille est démunie face à l’attitude de ce garçon déscolarisé depuis la 5e», raconte Me Idriss. «Il suit des amis qui l’entrainent là où il ne faut pas.» En détention provisoire depuis vendredi à Majicavo, le jeune a gardé la tête baissée tout au long de l’audience, obligeant les juges à lui demander plusieurs fois de les regarder pour assumer ses actes. «Il est capable de vous regarder. C’est déjà une façon de comprendre que sa vie doit changer», plaide son avocat.
Alors que le procureur réclamait 16 mois de prison dont 10 mois ferme, le tribunal a donc opté pour la voie de l’insertion. Il a 18 mois pour effectuer ses 280 de TIG et risque 8 mois de prison en cas de non-exécution. «Un dernier avertissement solennel», a prévenu le tribunal qui lui laisse la possibilité de trouver un emploi ou une formation.
RR
Le Journal de Mayotte
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