CARNET DE JUSTICE DU JDM. A la barre de l’audience en comparution immédiate, les choses ne se présentaient pas bien pour ce jeune homme. Surnommé «Bandit», «parce que je faisais n’importe quoi», reconnait-il, il porte un tee-shirt bleu avec deux mots écrits en majuscules blanches : «Thug life». L’expression américaine pourrait se traduire par «vie de voyou», au premier ou au second degré.
C’est effectivement un nouvel épisode de la vie d’un petit voleur sur lequel le tribunal devait se pencher. Le 14 août dernier, il était en galère. Besoin d’argent. A proximité du rond-point SFR, il va profiter des bouchons dans la côte Sogea pour détrousser une automobiliste. La voiture est à l’arrêt dans le sens de la descente. La fenêtre passager est ouverte, il s’approche, s’empare du sac posé sur le siège et disparaît dans la nature.
Les témoins de la scène sont nombreux et parmi eux des gamins du quartier qui identifient un certain «Bandit». Les policiers montrent une planche photos à la victime. Elle reconnaît un des individus formellement. C’est bien lui. Recherché par les forces de l’ordre, le jeune homme âgé de 20 ans est finalement interpellé mardi dernier et placé en détention provisoire en attendant le procès qui s’est déroulé vendredi.
Il risque 6 ans de prison pour 60 euros
A la barre, il reconnaît les faits et explique ce qu’il a fait de son butin : documents d’identité et carte bancaire jetés, téléphone portable revendu pour 40 euros et les 20 euros en liquide qui se trouvaient dans le sac ont vite été dépensés. «Donc aujourd’hui, vous risquez 6 ans de prison pour 60 euros», constate le juge Planque.
Les 3 jeux de clés qui se trouvaient dans le sac ont ensuite été retrouvés mais il était trop tard : la victime avait déjà fait casser sa porte pour pouvoir rentrer chez elle.
Le prévenu a déjà 4 condamnations à son casier judiciaire : du travail d’intérêt général par le tribunal des enfants, un an de prison pour violence aggravée, 15 jours pour menace de dégradation et 3 mois, en septembre 2014 pour un vol de sacoche… Mais le fichier des empreintes digitales le relie à d’autres faits avec un nom de famille écrit avec des orthographes différentes.
Pour manger, ou pour boire
«Le sac, je ne l’ai pas volé pour le plaisir. Je l’ai pris pour me nourrir, pour trouver quelque chose à manger. J’ai rien à faire, je suis obligé. Des fois, je fais des bricoles mais quand je trouve rien, je vole», explique-t-il simplement à la barre, tout en reconnaissant que «ce n’est pas normal».
«Pour se nourrir ?» s’insurge le procureur. «Il était alcoolisé à 11 heures du matin ! C’était simplement de l’argent facile pour trouver à boire».
«Nous mettons des barreaux à nos fenêtres, des barreaux à nos portes… Il faudra mettre des barreaux aux vitres des voitures ?» demande le procureur en requérant 9 mois de prison dont 6 ferme.
Le tribunal tranchera pour 6 mois d’emprisonnement dont 3 mois ferme, une mise à l’épreuve de 2 ans et trois obligations : se soigner, chercher une formation ou un emploi et indemniser la victime qui a demandé 200 euros de dommages et intérêts.
«Le tribunal a voulu cassé la dynamique de vol dans laquelle vous êtes. Vous devez trouver une solution sinon vous allez faire de allers-retours sans fin pour la prison avec des peines de plus en plus lourdes», l’a mis en garde le juge Planque. Le condamné a été maintenu en détention.
RR
Le Journal de Mayotte
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