Trois juges et deux substituts du procureur. L’audience solennelle du tribunal de Grande instance (TGI) de Mamoudzou installe ce jeudi de nouveaux magistrats ainsi qu’un directeur des greffes. Pour la 1ère fois, de jeunes magistrats choisissent Mayotte pour débuter leur carrière.
Les audiences solennelles des TGI portent toujours bien leur nom. En d’autres temps, les journalistes écrivaient que, pour l’occasion, l’ensemble des autorités civiles et militaires étaient réunis. En 2015, c’est toujours vrai. Et surprise, cette année à Mamoudzou, le président du Conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani était présent, assis à côté du préfet Seymour Morsy.
«Je garde espoir, il paraît que cela fait vivre, de pouvoir compter sur un conseil départemental qui prend toute la mesure des problématiques de l’enfance en danger», confiait le procureur Joël Garrigue dans sa plaidoirie, parce qu’elle «ne sera bientôt plus en danger mais en péril.»
Ce jeudi matin, le tribunal de Mayotte installait trois magistrats et deux substituts du procureur lors d’une audience présidée par Laurent Sabatier, le président du tribunal de Mamoudzou. Ces cinq jeunes magistrats ont une particularité : ils sortent tout droit de l’école nationale de la magistrature (ENM), une situation inédite, «du jamais vu et pour dire revigorant», relevait le procureur Garrigue. C’est l’ancienne présidente du TGI, Maire-Laure Piazza, qui avait initié cette démarche auprès de l’ENM. Ils ont prêté serment ce mardi à Saint-Denis.
Une nouvelle page de l’histoire judiciaire
Issus des 240 magistrats de la nouvelle promotion de l’ENM, ces cinq «petits nouveaux» ont choisi de venir débuter leur carrière à Mayotte et vont donc écrire une nouvelle page l’histoire judiciaire de notre département. Quasiment tout ceux qui ont créé le TGI de Mamoudzou en 2011 ont quitté Mayotte ou sont sur le point de le faire. «Le tribunal de grande instance de Mamoudzou est devenu un tribunal comme les autres. Il est possible d’y nommer des magistrats sortis de l’ENM, comme en Guyane ou aux Antilles», se félicitait le procureur.
Parmi les cinq nouveaux, un seul homme, Benjamin Banizette, originaire de Saint-Etienne, formé à Sciences-po Lyon et qui peut faire valoir un Master de relations internationales obtenu aux Etats-Unis (Missouri) et un autre de gestion globale des risques et des crises. Il est par ailleurs passionné de handball, «et même arbitre», indiquait le président Sabatier.
Amélie Bard, née à Gap, a réalisé un parcours de greffière avant d’intégrer l’ENM. Elle sera particulièrement chargée des affaires familiales et de la chambre civile.
Quant à Morgane Fargier, Ardéchoise de naissance, elle sera chargée du tribunal d’instance. Le président Sabatier notait qu’elle a été bachelière à 15 ans et qu’elle dispose aujourd’hui de 3 masters (carrière judiciaire, droit européen et droit privé).
Ils remplacent Viviane Peyrot et Thibaut Soubeyran repartis en métropole et dont l’action à Mayotte a été saluée par le président Sabatier.
De brillants parcours
Du côté des substituts du procureur, également deux brillants nouveaux diplômés. Morgane Boulet, était issue du corps de la gendarmerie et particulièrement de la section de recherche de Lyon, avant de se tourner vers la magistrature. Elle aura particulièrement en charge les atteintes aux biens, les contentieux routiers et les affaires maritimes. Elle remplace Michel Alik parti pour Tarbes et ses chères Pyrénées.
Enfin Emilie Guégan, nouvelle membre de la diaspora bretonne, sera la substitut chargée des mineurs.
Pour finir, François Nadaud dont l’action semble faire l’unanimité aux greffes prend, malgré son jeune âge, les fonctions de directeur.
L’alternative aux poursuites, un des chantiers de l’année
Parmi les chantiers qui attendent le TGI de Mamoudzou cette année, il y aura tout d’abord l’installation dans le nouveau bâtiment dont le chantier avance rapidement. Il sera aussi question de la mise en service des outils et logiciels informatiques aux normes nationales ou encore de la mise en place de l’alternative aux poursuites qui fait encore défaut à Mayotte comme les stages de citoyenneté.
«A Mayotte par conviction, vous contribuerez à la construction d’une justice de qualité», indiquait le président Sabatier aux nouveaux visages. Il rappelait aussi leurs missions qui chez nous prennent, toutes, une sens particulier : réguler les relations humaines, protéger les publics les plus fragiles et sanctionner les comportements délictueux. «La justice est une idée et une chaleur d’âme», concluait-il citant Camus.
RR
Le Journal de Mayotte
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