Le vice-rectorat réunissait ses personnels nouvellement arrivés à Mayotte à Mtsangabeach pour le traditionnel séminaire de rentrée. Une journée pour comprendre un peu mieux leur département d’adoption et prendre conscience de leur tâche.
«Profitez de ce séminaire», conseille avec humour Stéphane Planchand, le directeur de cabinet de la vice-recteur. «Rarement dans votre carrière, vous aurez le préfet, le procureur de la République, le colonel de gendarmerie, le commissaire de police, le président du tribunal et la vice-recteur… Tout en étant sur une plage !»
Ils étaient environ 500 nouveaux arrivants ce samedi matin à être conviés au séminaire de rentrée du vice-rectorat sur le domaine de Mtsangabeach, accueillis par les grandes figures de l’Etat à Mayotte. Depuis 2 semaines, ils prennent leurs marques dans leurs nouveaux établissements ou dans leurs nouveaux services et depuis un petit plus longtemps, ils découvrent leur nouveau département… Beaucoup de moments inédits qui nécessitaient une mise à distance et quelques clés pour faciliter l’adaptation.
Comme toujours, les raisons de leur arrivée à Mayotte sont aussi diverses que leur parcours et leur personnalité. Lyne et Fanny avaient envie de continuer à bourlinguer. Après de longs séjours à l’étranger, Espagne et Royaume-Uni, elles continuaient à avoir envie d’ailleurs mais aussi, comme souvent, d’échapper à la banlieue parisienne… «Sinon, c’était Créteil», indique Fanny.
Fuir la banlieue
La question de l’insécurité, souvent mise en avant comme un handicap pour l’attractivité de notre département ne leur fait pas peur, là encore la référence à la région parisienne permet de relativiser.
«Sur les forums, on lit de tout, certains parlent ‘des meilleures années’ de leur vie, d’autres des pires… Je sais bien qu’il y a une phobie ambiante ici mais on s’est renseignées.» Après des coups de fils passés aux amis présents à Mayotte pour savoir exactement de quoi est fait leur quotidien, les voici dans notre département avec l’envie d’être particulièrement utile. «On a beaucoup à apprendre et à partager», résume Lyne, «des fonctions parmi les plus exigeantes et les plus utiles dans un territoire comme celui-ci», leur dira le préfet Morsy.
Une fonction, pas une mission
La vice-rectrice avait choisi de reprendre une phrase du sénateur Thani, prononcé lors du séminaire 2014 pour ouvrir la journée: «Vous n’êtes pas là pour remplir une mission. Vous êtes là pour remplir une fonction», une manière de rappeler que nous sommes bien dans le département français de Mayotte, même si le quotidien et les réalités sont bien différentes de la métropole.
Ce sont d’ailleurs les questions interculturelles (nous aurons l’occasion d’y revenir) que le vice-rectorat avait souhaité mettre en avant en thématisant ce rendez-vous de rentrée.
«Donner à comprendre les fondements culturels pour en faire les fondements de la cohésion sociale», martèle Nathalie Costantini, la vice-recteur.
Le département des possibles
«Nous ne sommes effectivement pas des missionnaires, nous sommes là pour donner à cette jeunesse les meilleures chances pour s’insérer professionnellement», précise la vice-recteur. C’est exactement le sens que donne Katia, prof d’économie et de gestion au lycée de Sada, au choix de venir à Mayotte.
Elle connaît les Antilles, où elle a enseigné 2 ans, mais pour elle «Mayotte offre beaucoup plus de perspectives. Aux Antilles, la société est figée. C’est très compliqué pour un jeune d’émerger et de devenir un acteur économique. Ici, au contraire, le fait que ce soit un nouveau département autorise cette participation à la construction de l’économie. Il y a beaucoup de choses à faire, dans le tourisme, dans les services à la personne… Quand on arrive en prof d’éco, c’est le département des possibles, de leur possible.»
Des foundis
Des 16 premiers élèves de la fin du 19e siècle aux 75 élèves par classe en 1973, de la création du 1er collège à Mayotte en 1963 au système scolaire d’aujourd’hui, ce séminaire aura aussi permis aux nouveaux arrivants de prendre conscience de la jeune histoire de l’Education nationale à Mayotte.
«La scolarité à Mayotte a commencé tardivement et beaucoup de parents ne sont jamais allés à l’école républicaine où ont eu une scolarité réduite», rappelait le sénateur Thani. «Sans vouloir vous mettre la pression, je ne sais pas si vous imaginez la tâche qui est la vôtre et la référence que vous allez être pour notre jeunesse.» Ce samedi, nos nouveaux enseignants ont peut-être pris conscience qu’ils sont devenus des foundis.
RR
Le Journal de Mayotte
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