26.9 C
Dzaoudzi
vendredi 22 novembre 2024
AccueilorangeNeuf propriétaires, soixante occupants illégaux: l’enjeu de la terre sur les hauts...

Neuf propriétaires, soixante occupants illégaux: l’enjeu de la terre sur les hauts de Kawéni

Indivision, occupation illégale, fiscalité de droit commun, insécurité… Tous les problèmes de Mayotte semblent se concentrer sur une parcelle de 5 hectares à Kawéni. Elle est l’objet d’une bataille judiciaire qui promet d’être longue.

Me Nadjim Ahamada explique le renvoi du dossier fin octobre aux occupants du terrain qu'il défend
Me Nadjim Ahamada explique le renvoi du dossier fin octobre aux occupants du terrain qu’il défend

La colline est escarpée mais le relief n’a pas arrêté de nombreuses familles en quête de terrain pour y construire des bangas. La parcelle démarre au rond-point El-Farouk (SFR) et remonte la côte Sogea. Sur ces 5 hectares, au fil des années, les cases en tôles se sont multipliées et une route bétonnée a même été réalisée. Problème : aucun des occupants n’est officiellement propriétaire du terrain et aujourd’hui, les véritables propriétaires veulent récupérer leur bien.

Car cette parcelle appartiendrait depuis le 10 janvier 1942 à une famille qui fait valoir un titre de propriété daté de cette époque. Depuis le décès du patriarche de la famille en 2005, l’inextricable question de l’indivision a empêché les neuf héritiers de se soucier du devenir de ce terrain, une question que la fiscalité de droit commun les a poussés à prendre à bras le corps.

Le titre de propriété des demandeurs qui date du 14 janvier 1942
Le titre de propriété des demandeurs qui date du 14 janvier 1942

«Les héritiers de cette parcelle ont la volonté de faire valoir le droit de jouissance de leur propriété», explique simplement Elhad Chakrina, leur avocat… D’autant que ces neuf héritiers sont bel et bien redevables des taxes foncières qui, sur ces 5 hectares constructibles, atteignent des sommets, plus de 18.000 euros cette année.

Des occupants qui se croyaient chez eux

Ce sont donc 49 familles, soit 60 adultes, qui ont été assignés en justice par les héritiers en vue d’une expulsion. La procédure en référé a été renvoyée ce lundi matin pour être jugée dans un mois et ainsi permettre aux occupants de préparer leur défense. Mais tous les cas individuels ne pourront probablement pas être tranchés dans cette procédure d’urgence, nécessitant, pour certains d’entre eux, une procédure sur le fond qui sera beaucoup plus longue… En effet, parmi ces occupants, quelques-uns se croyaient, de bonne foi, chez eux.

Kawéni vue du ciel«Certains affirment qu’ils ont acheté le terrain sur lequel ils vivent», indiquent en effet Me Nadjim Ahamada, l’avocat d’une vingtaine d’occupants. Ils auraient acheté des lopins de terre à de faux propriétaires, des individus indélicats qui n’ont pas hésité à abuser de leur confiance pour les escroquer.

Une parcelle à 15 millions

Chaque élément du dossier place cette parcelle au carrefour de tant de problématiques de Mayotte. Ici, en plus de l’occupation illégale et d’une indivision paralysante, se pose la question de la sécurité aussi bien des occupants illégaux que du voisinage. Cette zone sans éclairage et pas toujours facile d’accès est en effet propice à la délinquance. Mais elle fait aussi peser des menaces sur les habitants par les possibles coulées de boues lors des fortes pluies.

La question des propriétaires légaux et des occupants de fait revêt, enfin, un enjeu économique évident : à 300 euros le mètre carré, un montant «raisonnable» compte tenu des tensions sur le marché du foncier, la valeur des 5 ha atteindrait au minimum les 15 millions d’euros.

Quel relogement?

Au total, 60 personnes sont assignées par les neufs héritiers
Au total, 60 personnes sont assignées par les neufs héritiers

Comme on s’y attendait avec la mise en place des impôts locaux, ce type de procédures est probablement appelé à se multiplier, à la campagne comme dans les zones urbaines. Une mission sénatoriale sera d’ailleurs en visite à Mayotte du 5 au 8 octobre 2015 pour travailler sur la thématique alors qu’ils sont nombreux à Mayotte à réclamer la mise en place d’une institution pour le foncier sur le modèle de la CREC pour l’état civil.

Et comme si les problématiques n’étaient pas assez nombreuses, sur cette parcelle comme ailleurs se posera l’ultime et épineuse question du relogement des personnes en cas d’expulsion. Les regards ne manqueront pas de se tourner vers la municipalité alors que les opérations immobilières et la construction d’un véritable parc de logements sociaux ne pourront suivre le rythme des besoins.
RR
Le Journal de Mayotte

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139116
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139116
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139116
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139116
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139116
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139116
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...