La préfecture organisait ce jeudi midi sa 1ère journée du goût. Sensibiliser autour d’un repas pour changer les habitudes alimentaires face au surpoids qui concerne plus de la moitié des agents.
Une centaine de personnes attablées à la cafétéria de la préfecture. La première journée du goût organisée pour les agents de la préfecture a été victime de son succès. «Nous avons une centaine d’inscrits sur 200 agents et on a refusé une trentaine de personnes», s’enthousiasme Fatima Zambardjoudi, à l’origine de l’événement. A la préfecture d’habitude, elle est chargée de dossiers bien plus austères en rapport avec le budget ou les marchés publics. Mais les résultats de la médecine du travail l’ont incitée à se mobiliser… Et l’élan en interne comme avec les partenaires a été immédiat.
Les agents de la préfecture sont à l’image de l’ensemble des citoyens mahorais. Il y est question de 50% de personnes en surpoids et même de 30% concernés par l’obésité. Et comme l’Etat veut montrer l’exemple en matière de santé publique, il fallait effectivement réagir. Cette journée permettait de présenter l’exposition du réseau Rédiab Ylang sur le bien manger et permettait surtout aux agents de constater que l’on peut effectivement se faire plaisir autour d’un excellent repas parfaitement équilibré.
La cantine de Coconi aux fourneaux
C’est le lycée agricole de Coconi qui a été chargé de mener à bien ce service de 100 couverts. «On a tout de suite dit oui même si ce n’est pas facile d’assurer en même temps le bon fonctionnement de notre cantine avec 300 couverts à Coconi. Mais ça nous semblait important de faire découvrir notre cuisine», indique Chantal Dubos, la gestionnaire de l’établissement.
A Coconi, la cantine a ouvert ses portes le jour de la venue de Manuel Valls. «On s’est fait quelques frayeurs avec les derniers équipements qui sont arrivés la veille de la visite ministérielle», confie-t-elle. L’objectif de cette cantine est de fabriquer des repas avec les productions du lycée et avec quasiment 100% de produits mahorais. «Tomates, salades, plantes aromatiques, courgettes, concombres… On s’est engagés à acheter la production de nouveaux exploitants qui se sont installés», précise Chantal Dubos.
Nos assiettes sont notre économie
Et de fait, si nous rajoutions des légumes et des épices dans nos plats, c’est toute une économie locale qui pourrait se mettre à vivre. «Quand on change les habitudes, on crée une économie vertueuse. Au début, c’est confidentiel et peu à peu ça prend une réelle ampleur dans la mesure où on est capable d’assurer la continuité des approvisionnements», explique Bruno André, le secrétaire général de la préfecture.
Associer le lycée de Coconi à cette journée avait donc du sens. «L’établissement travaille sur toute la chaîne, la production, la vente, la transformation, jusqu’au service. C’est quelque chose qui est très important à Mayotte parce que, quelque soit le secteur, on a toujours un trou dans la chaîne alors qu’on a le savoir-faire pour faire fonctionner un secteur dans sa globalité», relève Bruno André.
Mais pour faire changer les habitudes, c’est la politique des petits pas qui prévaut. «La meilleure chose, c’est ce qu’on a fait ici. Il suffit de convertir une personne pour qu’ensuite cette préoccupation du bien manger et des produits locaux s’installe dans une famille».
Des saveurs plein les papilles
Et la centaine d’agents a effectivement bien mangé, comme le confirme Stéphanie Durette, la nutritionniste de Rediab Ylang. «Le chef nous a fait des surprises avec beaucoup de saveurs jusque dans la salade de fruit où il avait préparé un sirop à base de cannelle, de vanille et de clous de girofle», note-t-elle.
Une quantité de sel bien dosée, des mélanges de légumes agréables avec par exemple des brèdes et de la papaye verte, «un légume extraordinaire qu’on trouve toute l’année et qu’on peut préparer de plein de façons différentes». On trouvait aussi juste ce qu’il faut de sucre. «Le riz apporte du sucre d’où l’importance d’une ration raisonnable. Et plus il est cuit, plus vite il sera digéré et donc plus vite le sucre sera assimilé dans le sang», précise Stéphanie Durette.
Fondus du fondant
Quant au dessert, en plus de la salade de fruit, le fondant au chocolat a ravi tous les convives. «Dans la mesure où le repas était préparé avec très peu de matières grasses ajoutées, la portion de fondant ne pose pas de problème. En fait, ce qui est important, c’est de penser qualité et quantité pour un bon équilibre alimentaire.»
Le succès de l’opération aidant, le secrétaire général rêve d’un renouvellement de l’opération peut-être chaque trimestre pour en faire bénéficier ceux qui n’ont pas eu accès à cette bonne table. Pour que manger un repas équilibré et appétissant ne soit pas un événement exceptionnel.
RR
Le Journal de Mayotte
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