Affluence des grands jours à Coconi. Des élèves de tout Mayotte sont venus découvrir des saveurs et déguster les bonheurs culinaires de Mayotte et de bien plus loin au lycée agricole.
Il fallait être à Coconi pour découvrir l’amertume du Nguivi, un petit légume mahorais dont la forme évoque un pruneau, ce mardi 6 octobre. Pour la journée du goût, l’association «Saveurs et senteurs de Mayotte» avait rassemblé sur une dizaine de stands des acteurs aussi passionnés que concernés très différemment par le contenu de nos repas. L’IREPS proposait par exemple des jeux pour faire découvrir les 4 saveurs, sucré, salé, acide, amer. Le circuit commençait par un petit verre à boire cul-sec avant de trouver le gout : le petit jus amer d’aloé vera faisait son petit effet.
Le GVA, groupement de vulgarisation agricole, était venu avec des jaques, des noix de cocos et des tubercules mais aussi des plats mahorais comme le kangué, du poisson coco ou des breds. Les jeunes ont pu aussi comprendre comment, uniquement en secouant une coco près de l’oreille, on peut savoir si elle est mure.
Et puis cette journée était aussi une histoire de chefs. Ceux en BTS au lycée pro de Kawéni, venus à une douzaine, pour faire deviner les saveurs qui se glissaient dans leurs crêpes (la tomate par exemple) et qui ont comblé de joie nombre de gourmands avec leur fontaine de chocolat.
Des fromages pour des saveurs d’Europe
Le chef, c’était aussi Malide Azihari, qui cuisine habituellement pour les 300 couverts de la cantine de Coconi… et à l’occasion pour le préfet et même le Premier ministre de passage. Et ce mardi, il avait 340 couverts supplémentaires à assurer. Après un repas tout simple, crudités, pilao et fruits, les scolaires avaient droit à une dégustation, souvent inédite pour eux : un immense plateau de fromage et du pain.
«On a choisi une progression, du fromage le plus doux au plus fort. On trouve de l’emmental, de la mimolette, du brie, du roquefort, un formage italien au lait de chèvre et du manchego, un fromage espagnol à trois laits, vache, brebis et chèvre», explique Chantal Dubos, du lycée de Coconi, ravi de mêler dans cette journée les recettes traditionnelles mahoraises et les goûts des campagnes européennes.
Et cette découverte des produits des terroirs de l’hexagone s’accompagnait également d’un aliment dont les saveurs potentielles sont méconnues à Mayotte : le pain. Aux noix, au fromage, au cumin, au cesame, brioché ou de campagne… les jeunes avaient ainsi accès à des variétés de pains bien différentes du traditionnel pain blanc largement consommé à Mayotte.
Les mélanges titillent les papilles
Et pour achever ce parcours culinaire, le chef leur avait réservé une surprise : une dégustation de petits délices caramel et chocolat avec un cœur de sel. «Moi j’ai découvert le mélange sucré-salé au lycée de Kawéni. Comme on était du métier, on devait tout goûter. Et c’est vrai qu’au début, le gout du salé en dessert, ce n’est pas évident quand on n’est pas habitué», explique-t-il.
Pasteurisation des jus de fruits avec l’atelier agroalimentaire de Coconi, découverte d’émissions télévisées culinaires avec Rediab Ylang… un programme impressionnant qui a convaincu de nombreuses écoles, malgré la mise en place tardive de l’événement financé par le PNA, le programme national alimentaire du ministère de l’agriculture. Les collégiens sont venus de Chiconi et les écoliers de Kahani, Ouangani, Koungou, Mamoudzou, Bandrélé, et même Mtsahara… un succès incontestable qui laisse présager une opération encore plus importante l’an prochain compte tenu des contacts qui ont été noués.
Pour l’association «Saveurs et senteurs» qui portait la journée, c’est évidemment la satisfaction. Créée en 2011, la structure prend véritablement son ampleur depuis l’an dernier. «Les adhérents de l’association travaillent dans la transformation de produits agricoles et les cosmétiques», explique Morgane Moenne. Des chips de manioc aux huiles essentielles en passant par les bougies parfumées, ces artisans valorisent chacun à leur façon les saveurs mahoraises… jusqu’au salon de l’agriculture de Paris où l’association représente Mayotte d’une belle façon.
RR
Le Journal de Mayotte
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