C’est un ciblage précis de chaque enfant en souffrance que veulent mettre en place trois ministères. Pour la première fois, le gouvernement s’implique concrètement aux côtés du département de Mayotte sur cette problématique. Une réponse à l’engagement de l’actuelle équipe du conseil départemental.
On en sait un peu plus sur la décision gouvernementale d’accompagner le département de Mayotte sur la problématique de ses mineurs isolés. « Je préfère parler d’enfance en danger », indique d’emblée Sylvie Especier, conseillère ministérielle au ministère de l’Outre-mer. Mayotte, c’est toujours un peu son bébé qu’elle a laissé « trop rapidement » à son goût.
Trois ministères étaient présents à l’hôtel Matignon ce jeudi matin afin de traduite en pratique l’ambition du président de la République et du premier ministre sur le « retour de l’Etat en Outre-mer ». Expression curieuse de Matignon pour expliquer le repositionnement de l’action de l’Etat sur les domaines en souffrance sur les territoires ultramarins.
L’enfance en danger à Mayotte a notamment été retenue, et le communiqué du premier ministre indiquait que « les ministres travailleront ensemble à des mesures permettant de renforcer la protection de l’enfance à Mayotte dans le respect des compétences dévolues au Conseil départemental ».
Le rapport de l’IGAS fin janvier
Une problématique ignorée par les précédents exécutifs du département, « le langage a changé avec la nouvelle équipe », souligne Sylvie Especier qui attend un vrai changement. Le président du conseil départemental a tout d’abord souhaité avoir une expertise de l’Inspection générale des Affaires sociale. Avant de remettre son rapport fin janvier, les inspecteurs de l’IGAS reviennent sur le territoire pendant trois semaines.
Une conjonction favorable donc, « avec les éléments fournis par la défenseure des enfants accompagnée par Yvette Matthieu, le changement de position de la nouvelle équipe à la tête du département et la présence de deux personnes qui connaissent le territoire au ministère », l’ancien préfet Jacques Witkowski et Sylvie Especier.
Des efforts hors norme
Et il ne s’agit pas d’un simple accompagnement. L’ex sous préfète à la Cohésion sociale et à la jeunesse de Mayotte, le souligne, « si l’objectif n’est pas de faire à la place du conseil départemental, on ne peut pas attendre d’un département des résultats en un an que l’on n’a jamais demandés à un autre département de France. »
Il va donc falloir se doter des équipes appropriées. « Le conseil départemental n’a jamais eu jusqu’ici une vision prospective, ses outils ne sont donc pas à la hauteur ». Et pas question de faire dans la généralité : « il faut savoir qui est cet enfant en danger, connaître son état de santé et son niveau scolaire. »
Pas question non plus de les parquer ensuite. Sylvie Especier fait la même constatation que l’exécutif, « il faudrait plus de deux fois plus de familles d’accueil, les professionnaliser, et les contrôler régulièrement. »
Frustrée de ne pas avoir pu mener à terme tous les projets qu’elle a initiés dans ce domaine à Mayotte, Sylvie Especier continue à les promouvoir depuis Paris.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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