C’est un dialogue tripartite tendu que mène le conseil départemental avec la société gestionnaire du port MCG et le manutentionnaire SMART. Alors que le compte à rebours de l’expulsion de cette dernière du port est enclenché, Ida Nel fait une proposition, que la société de manutention doit analyser aujourd’hui.
C’est ce lundi que les salariés et dirigeants de la SMART recevront l’écrit de la proposition qu’Ida Nel a fournie au conseil départemental samedi soir. En fin de semaine dernière, Bourouhane Allaoui, le président de la commission portuaire, accompagné de la directrice du port de Longoni Sitti Maoulida, et du 4ème vice-président du département Issa Abdou, a rencontré successivement les deux parties.
Ida Nel, tout d’abord mercredi après-midi, pour entendre ses propositions. MCG accepterait de laisser 75% de la manutention à la SMART, ce qui correspondrait à un volume dépassant les 15.000 containers importés par an. Elle louerait ses grues, avec ses propres chauffeurs ce qui lui permettrait de défiscaliser ses investissements. Une proposition qu’elle devait donc remettre par écrit aux conseillers départementaux samedi soir.
Les salariés et dirigeants de la SMART ensuite, Arlette Henry et Gilles Langlois, jeudi dans l’après-midi, qui ont pris connaissance de l’offre. Pour eux, rien de nouveau depuis août, « mais nous attendons la proposition écrite pour nous prononcer », indiquait Arlette Henry au JDM.
Un trafic insuffisant pour deux sociétés
La SMART n’est plus en position de force, puisqu’un jugement du tribunal administratif permet à MCG d’expulser la société d’aconage dans trois semaines. Une pression à laquelle ne veut pas céder la manutentionnaire : « c’est Ida Nel qui a voulu cette expulsion. Nous ne pouvons sous cette condition accepter une diminution du volume de containers qui passerait de 45.000 en 2014 à 15.000. »
Pour la première fois, elle se livre à une explication sur le principal reproche qui est fait à la SMART, ses tarifs : « les 45.000 containers sont bougés en ne travaillant que 15 jours par mois par manque de trafic. Or, nos frais de main d’œuvre sont fixes depuis la mensualisation devenue obligatoire il y a quelques années. » L’arrivée non prévue de MCG dans son secteur de l’acconage est donc une mauvaise nouvelle.
La SMART forme ses agents
Un chiffre d’affaire réalisé grâce au transbordement. Or, le risque que Longoni perde cette activité est une épée de Damoclès permanente, « le volume d’heures travaillées sera alors de 7 jours par mois. » Arlette reproche au conseil départemental qui a toujours soutenu la SMART, de découvrir le problème, mis en lumière par la décision de justice. Mais reste ouverte sur une proposition émanant de MCG.
En attendant, la SMART a envoyé depuis trois semaines 16 agents en formation sur les grues RTG (Rubber Tyre Ghantry) à Maurice. Une formation dont se réjouit Gilles Langlois, qui précise que l’entreprise formatrice Cargo Handling Corporation Limited (CHCL) est la seule à être équipée de RTG dans l’océan Indien : « Une formation qui sera reconduite dans l’avenir. » Les agents pourront alors travailler sur les portiques jaunes de Longoni financés par MCG.
Y aura-t-il accord ? On en saura plus aujourd’hui ou dans les jours qui viennent, quand les conseils des deux côtés auront livrés leur analyse. Les salariés en tout cas sont prêts à se mobiliser, en témoigne cette réunion avec le représentant CFDT Ousseni Balahache qu’ils ont tenu samedi matin.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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