Les salariés de la SMART ont fait le pied de grue au conseil départemental ce mercredi après-midi. Pour rien, puisque les élus avaient indiqué vouloir poursuivre les négociations avec MCG. La CGT regarde de loin pour l’instant, mais une élue parisienne a évoqué le conflit de Longoni, lors d’un débat sur les ports ultramarins.
Comme nous l’avions annoncé ce matin, le conseil départemental a différé la réunion de négociation avec les salariés de la SMART au motif que les propositions formulées par Ida Nel (MCG) n’étaient pas conformes aux précédents accords verbaux. « Nous allons donc poursuivre nos négociations avec MCG pour présenter un écrit acceptable pour la SMART », nous indique Issa Issa Abdou, qui en tant que 4ème vice-président, a mené les négociations pendant les rendez-vous ministériels de Soibahadine Ibrahim Ramadani.
Les éléments achoppant sont le nombre de containers laissés en manutention à la SMART, et le nombre de grutiers recrutés.
Les salariés de la SMART avaient bien noté le report de la réunion, mais demandaient à rencontrer l’ensemble des conseillers départementaux, « nous voulons les sensibiliser à notre expulsion du port. »
Avancer malgré « une DSP mal ficelée »
D’heure en heure, la tension montait, et toujours pas d’élus en vue. Vers 16h, la première vice-présidente Fatima Souffou, ainsi que la directrice du port Sitti Maoulida les recevaient. A l’issue, Touleib Mohamed, leur porte parole, a fait savoir qu’il attendait la date de l’expulsion, « vers le 9 novembre », que « les élus devaient prendre leurs responsabilités », et qu’ils voulaient non seulement « préserver leurs emplois, mais aussi l’entité de l’entreprise ».
Ils se disent déçus de l’attitude du conseil départemental, « pourquoi ne nous ont-ils pas défendu avant d’en arriver là ?! », interpellait Marie Félix, agent de la SMART. Des élus qui ont hérité du précédent exécutif une situation bancale, « la DSP a été mal ficelée », déplore Bourouhane Allaoui, président du conseil portuaire, « mais maintenant qu’on en est là, il faut bien avancer », complète Issa Issa Abdou.
Un contrôle public et social des ports
Si on en est arrivé là, c’est par négligence, pointe la CGT au Conseil économique, social et environnemental à Paris lors d’une séance portant sur « Les ports ultramarins au carrefour des échanges mondiaux » la semaine dernière. Dans son Intervention Pierrette Crosemarie, conseillère confédérale CGT et élue au CESE, souligne la décentralisation de la gouvernance au bénéfice des collectivités locales, mais appelle à ne pas occulter la responsabilité de l’Etat, notamment « dans les conditions de vie et d’activité sur les sites portuaires ».
En matière de conditions de travail et d’emploi sur les sites portuaires, la CGT demande que pour les Outre-mer comme en métropole, toute évolution du statut des personnels et de la convention collective fasse l’objet de négociations avec les représentants des salariés.
Et Pierrette Crosemarie illustre son propos devant ses pairs parisiens en évoquant « la situation de la manutention au port de Longoni à Mayotte » : « 196 salariés de la SMART, entreprise de manutention demandent au délégataire de service public, gestionnaire du port, la société MCG, le maintien de leur activité de manutention et le respect des accords collectifs. Cette demande légitime se heurte au refus de la société MCG qui souhaite devenir l’opérateur de référence sur le port en imposant aux salariés ses conditions. »
L’élue insiste pour que les activités d’intérêt général exercées directement par la puissance publique ou déléguées doivent l’être sous réserve d’un cahier des charges précis et d’un contrôle public et social.
Compte tenu des réserves et incertitudes sur les questions sociales et du contexte conflictuel à Mayotte, la CGT s’est abstenu de voter le texte sur les ports ultramarins.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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