Une quantité d’eau exceptionnelle s’est abattue sur Mamoudzou ce mercredi avant 11 heures, occasionnant de gros dégâts. L’hémicycle du Conseil général menace de s’effondrer. Et plusieurs jeunes ont profité de la confusion pour commettre des actes de délinquance…
L’orage est venu d’une zone perturbée qui s’étend des côtes Nord-ouest malgaches à l’archipel des Comores. La Préfecture, sur les indications de Météo France, avait placé l’île sous vigilance fortes pluies depuis minuit. Et ce sont 92 mm d’eau (par mètre carré) qui sont tombés à Mamoudzou en deux heures, de 10h à 12h, occasionnant beaucoup plus de dégâts qu’attendus.
La violence de l’orage a d’abord tué, deux personnes étant mortes foudroyées ce matin. On en sait un peu plus : il s’agirait d’une jeune femme de 17 ans et de son neveu de 3 ans, la maman qui était également sur place ayant, elle, été hospitalisée.
Un torrent de terre
Puis, ce fut le déluge, plus puissant qu’à l’habitude, sur la commune de Mamoudzou : le rond-point SFR a été rapidement envahi par des monticules de terre, des gravas, rendant la circulation impossible et créant des kilomètres de bouchons toujours pas résorbés en fin d’après-midi. « Nous sommes venus en stop puis à pied depuis Mtsamboro », indiquaient deux musiciens, un tantinet fatigués en arrivant à Kawéni. Et c’est à pied que les élèves du lycée Younoussa Bamana de Mamoudzou ralliaient Majicavo Koropa, les bus scolaires n’ayant pu effectuer le ramassage. Une partie du réseau téléphonique de l’île fut momentanément hors service.
Une terre qui n’aura jamais été aussi abondante au rond-point : « Plusieurs habitants sur les hauteurs de la montée Sogéa ont défriché pour planter des bananiers ou construire leurs cases ! Tout s’écroule à la moindre pluie », râlait un automobiliste coincé. L’évacuation de la terre a commencé immédiatement « grâce à la diligence de l’entreprise Sogea qui a mis un de ses tractopelles à disposition », glissait le capitaine de Police Chamassi. En fin d’après-midi, la direction de l’Equipement (DEAL) s’activait toujours.
Le Conseil général au bord du gouffre….
Le dégât le plus spectaculaire a touché le Conseil général et l’immeuble Issoufali : un mur de soutènement du premier s’est effondré avec terre et gravas sur le second, qui loge notamment l’Agence Française de Développement. Une de ses fenêtres est tombée avec sa grille chargée de terre sur un des cadres, qui a eu plusieurs points de suture. Quant aux locaux d’Air Austral voisins, l’agence Issoufali a été évacuée victime d’une inondation et d’une rupture du faisceau électrique.
Le désespoir, lui, venait de bandes de jeunes voyous, une « trentaine » selon les policiers qui, profitant des embouteillages, se mirent à caillasser les véhicules. Un de nos journalistes, ayant reçu un jet de pierres, a dû se rendre aux urgences. La Police nationale a dû barrer la route du rond-point Méga à SFR le temps de reprendre le contrôle de la portion : « J’ai exigé d’une médiatrice une rencontre avec ces jeunes », indiquait le capitaine Chamassi.
C’est donc tout le nord de Mayotte qui était bloqué ce mercredi, par un seul orage, même violent, mais qui ne sera jamais aussi dévastateur qu’un cyclone…
Anne Perzo-Lafond
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