Le vendredi est le jour d’une spiritualité plus intense pour les musulmans, l’équivalent du dimanche pour les chrétiens. Si toutes les mosquées du vendredi ont diffusé aujourd’hui un message particulier, à Mayotte les mises en garde se font depuis une semaine. Un islam sunnite, réputé modéré, qui cohabite bien avec les chiites sur l’île, selon le porte-parole du Grand Cadi.
La prière était particulière aujourd’hui : toutes les mosquées du vendredi de France étaient invitées à diffuser le même message lors du prêche. Une semaine après les attentats de Paris, il s’agit moins d’une évidente condamnation des attentas, que de diffuser un message contre la radicalisation.
A Mayotte, pas d’intervention particulière, puisque des instructions ont été données en amont : « dès le lendemain des attentats, j’ai demandé que les prêches agissent comme un conseil auprès des croyants », explique le porte parole du Grand Cadi Elmamouni Mohamed Nassur qui cite le cadi Mahamoud de Passamainty, « qui a incité à l’unité de tous contre la dureté de certains prêcheurs. »
L’opposition chiite-sunnite qui alimente les conflits du Proche Orient ne touche pas vraiment Mayotte la sunnite, ou du moins, pas de manière évidente : « certaines mosquées sauvages ont des discours qui prennent des allures rigoristes », explique Elmamouni Mohamed Nassur qui s’est déjà exprimé sur le sujet en Conseil des cadis.
Rendre étanche plus la religion que les frontières
Les chiites ici sont représentés par les Indiens, « et vous avez vu, ils étaient à nos côtés lors du rassemblement interreligieux », faisant référence à Moïse Issoufali. Une de leur deux mosquée est en face du nouveau Centre d’affaire.
La seule crainte viendrait de comportements individuels, « qui seraient des proches de l’ancien président Sambi aux Comores. » La candidature du religieux anjouanais aux élections présidentielles de 2016 a d’ailleurs été déclarée recevable par la Cour constitutionnelle.
Des infiltrations qui n’ont pas lieu d’être pour l’instant selon Elmamouni Mohamed Nassur, qui rappelle qu’il faut « rendre étanche notre religion ». Il ne s’agit pas la de frontières mais d’idéologie : « pour lutter contre la radicalisation, nous devons élever l’enseignement. »
Une opération qui ne pourra se faire qu’avec les plus savants d’entre les cadis, un ordre des oulémas qu’il revient au conseil départemental de fonder : « le président du département y a été sensible, nous nous rencontrons à ce sujet la semaine prochaine. »
Il reste sur l’image laissée à tous, d’un rassemblement interreligieux ce mercredi : « Une belle image de la République. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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