« Recruter localement, former localement pour être actif localement, c’est l’objectif que nous visons à terme”, indique le colonel Jean Gouvart. Pas une grosse promotion, mais des gendarmes qui auront au moins l’expérience du terrain, tout en acquérant celle du métier.
C’est la première fois qu’une formation initiale de gendarmes adjoints volontaires est organisée à Mayotte. En l’absence d’école dans les départements d’outre-mer, c’est un instructeur qui se déplace sur place. C’est donc l’adjudant Thévenin, détaché de l’école de Montluçon, qui est arrivé à Mayotte le 19 octobre dernier pour conduire la formation de deux mois.
Au départ, 50 dossiers ont été retenus, mais après plusieurs sas, seuls 8 répondaient aux critères, dont 7 étaient reçus et recevaient ce vendredi matin leurs képis. Une cérémonie qui se déroulait en présence du colonel Jean Gouvart, du procureur Joël Garrigue, de la sous-préfète Florence Ghilbert-Bezart, du chef de corps du DLEM et du maire de Pamandzi Mahafourou Saïdali, et des familles des nouveaux gendarmes.
« Pas des plus reposants ! »
C’est la découverte conjointe de la vie professionnelle et des valeurs militaires qui ont motivé ces jeunes : « ils ont tous le Bac, et l’un d’entre eux a une licence », explique l’adjudant Thévenin. Les jeunes se sont engagés pour 2 ans, suivis d’un contrat de trois ans renouvelable une fois. Pendant ce laps de temps, ils peuvent préparer un concours de sous-officier, ou une reconversion, « notamment dans les métiers de la sécurité », précise le colonel Gouvart.
Ils seront 5 à se confronter au terrain, dont deux, Samir-Ben Saïd et Abdoul Karim Madi, sont affectés à la brigade de Mamoudzou, « une brigade pas facile qui couvre Dembéni et Koungou, pas des plus reposant ! », met en garde le commandant de la gendarmerie, deux autres , Soudayssi Soulaimana et Abdou Rahamane Madi, au Peloton de surveillance et d’intervention (PSIG) de Mamoudzou, « où il faut avoir la pêche, être prêt à bondir », alors qu’Andriniaina Leroy partira seconder le maître chien en Petite Terre. Les équipes cynophiles sont chargées de la recherche de personnes disparues, et de découverte de produits stupéfiants, d’armement ou de fausse monnaie.
C’est dans des fonctions logistiques que sont affectés Ahamadi Daoudou, à l’immobilier, et Naouir Houmadi, à la section équipement logistique.
Appel aux candidatures locales
Avoir dans ses rangs des militaires qui possèdent la connaissance du terrain, de la culture ou de langue, est un atout indéniable : on a souvent vu au cours de manifestations des gendarmes mobiles quelque peu décontenancés par la hauteur de décibels du verbe local ou par des réactions de foule. A Mayotte comme dans les autres territoires ultramarins, d’ailleurs. C’est pourquoi « la Guyane avait initié ce processus de formation in situ, la Nouvelle Calédonie avait suivi le mouvement. Mayotte est donc le troisième territoire à l’organiser », précise le colonel Gouvart.
Pour autant, difficile selon lui de mettre en place une école de gendarmerie sur l’île : « Il faut une logistique énorme. De plus, nous avons déjà eu du mal à trouver des candidats pour cette première formation. Nous continuons à herche des candidatures locales pour le prochain stage en 2016. »
Parallèlement, le nombre de réservistes mahorais est croissant, « prés de 35 actuellement, et nous en ciblons 80 l’année prochaine. On a d’ailleurs pu les voir défiler lors de la dernière cérémonie du 14 juillet. »
En enfin, deux gendarmes mahorais ont accédé à des postes à responsabilité ces deux dernières années : le major Boura, 1er sous-officier, et le lieutenant Hambaly, commandant de brigade.
Et elles ont encore des visages d’anges, ces nouvelles recrues. « Je suis fier de ce que mon fils a décidé d’entreprendre »… une maman était émue ce vendredi lors du garde-à-vous des nouveaux gendarmes pendant l’envoi des couleurs.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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