«La transition agro-écologique est en œuvre au lycée de Coconi», annonce fièrement le bulletin du lycée agricole. L’établissement a été retenu dans le cadre d’un appel à projets qui valorise les travaux pour une agriculture respectueuse de l’environnement.
On entend beaucoup parler de Mayotte dans de nombreux ministère en ce moment, y compris dans celui de l’agriculture. Le lycée agricole de Coconi a répondu à un appel à projets lancé par Paris destiné à toutes les exploitations de l’enseignement agricole en France. Non seulement la proposition a été retenue mais elle place Mayotte «parmi les premiers lauréats», s’enthousiasme-t-on au lycée.
Le fil conducteur du projet de Coconi est «autonomie et biodiversité». Il se décline en 3 actions qui sont essentielles mais pas si simples à mettre en œuvre à Mayotte. La première consiste à travailler vers une autonomie en fourrage pour les élevages. Plutôt que de déplacer les animaux ou de ramener des broussailles coupées dans la brousse (sur le modèle des «buissons ambulants» véhiculés en scooter), les élèves et les équipes de l’établissement ont créées de nouvelles parcelles plantées de canne fourragère ou de panicum. Une façon de montrer qu’une exploitation peut se développer avec une multi-activités tournée vers l’élevage.
L’expérimentation du miel
La 2e action visait à étudier les possibilités d’autonomie en eau et en électricité des poulaillers. L’exemple, ce sont les poulaillers de Valarano, déjà pourvus d’un système de récupération et de traitement des eaux de pluies. Ils seront prochainement équipés de panneaux photovoltaïques pour assurer une certaine indépendance énergétique.
Enfin, l’objectif de la 3e action était de réfléchir à diversifier les productions en luttant contre l’érosion de la biodiversité et des sols. Et on reparle du miel ! La filière apiculture de Mayotte qui avance doucement vers une structuration pourrait en être un bon exemple. Déjà, plusieurs essaims sauvages ont été récupérés depuis le début de l’année, et réinstallés dans deux ruches expérimentales installées dans l’établissement.
Lutter contre les insectes sans produits toxiques
Cet appel à projet du ministère de l’agriculture entre dans des financements CASDAR (compte d’affectation spéciale pour le développement agricole et rural). Il a été créé en 2006 dans le Programme national de développement agricole et rural (PNDAR) et représente un levier important pour faire évoluer les pratiques des agriculteurs vers l’innovation et la transition agro-écologique.
Et Mayotte a d’autres actions à mettre en avant pour des productions responsables. L’agriculture mahoraise est par exemple impliquée dans le dispositif DEPHYFerme qui a pour objectif de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires d’ici 2025 (plan national Ecophyto). Il s’appuie sur les exploitations agricoles pour produire des produits et des méthodes de substitution.
Un exemple en outre-mer pour les légumes
C’est ainsi que notre département a créé en 2015 le 1er réseau établi outre-mer pour la production de légumes et 10 exploitations se sont portées volontaires pour participer. Là encore, l’exploitation du lycée est «ferme pilote» de ce dispositif, animé par Thomas Chesneau, également en charge de l’atelier maraîchage de Coconi.
Au début du mois de décembre dernier, la 1ère journée professionnelle a été organisée pour diffuser auprès des producteurs une méthode de lutte agro-écologique contre les mouches des cucurbitacées (concombres, courgettes, melons…). Testée au lycée agricole et à la station de Dembéni, elle repose sur des actions simples à mettre en œuvre pour éviter les pesticides. Au lycée de Coconi, on a raison: la transition agro-écologique semble bel et bien lancée !
RR
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