Le tribunal correctionnel de Mamoudzou a rendu son verdict dans l’affaire Roukia Soundi. Le tribunal a suivi l’essentiel des réquisitions du parquet pour condamner les 7 prévenus : trois des policiers et gendarmes poursuivis sont condamnés pour homicide involontaire.
Après 5 jours d’un procès hors normes à la fin du mois de novembre, le verdict est tombé ce mercredi 20 janvier 2016. Cinq ans après les faits, quasiment jour pour jour, les personnes mises en cause dans l’affaire Roukia Soundi sont fixées sur leur sort.
Mathias Belmer est condamné à la peine la plus lourde. Le coiffeur, qui avait consommé la drogue à l’origine de la mort de la jeune femme et qui avait tenté de faire disparaître le corps sur une plage, est condamné à 5 ans de prison.
Il est reconnu coupable d’homicide involontaire, transport non autorisé de stupéfiants, destruction de document ou objet concernant un crime ou un délit pour faire obstacle à la manifestation de la vérité. Un mandat d’arrêt est décerné contre lui, il était en effet absent de la salle d’audience ce mercredi matin.
Frédérique Blondel, la patronne de M. Belmer au moment des faits, l’avait aidé à déplacer le corps de Roukia. Elle est reconnue coupable de recel du cadavre et destruction de document ou objet concernant un crime. Le tribunal s’est montré clément, après le récit de sa vie brisée par ces événements mais aussi le travail qu’elle a mené pour tenter de se reconstruire. Elle est condamnée à 4 mois de prison ferme, une peine qui correspond à la période de détention provisoire qu’elle a déjà effectuée.
Pour Vincent Hoareau, prévenu périphérique dans cette affaire, poursuivi pour détention de stupéfiants, le tribunal a fixé la peine à 4 mois de prison avec sursis. «Il a pris ses responsabilités, il a montré une maturité qui est réelle», avait estimé le procureur.
Les condamnations du volet GIR
Concernant les prévenus du volet «GIR» (groupe d’intervention régional) de cette affaire, 4 hommes -policiers et gendarmes- étaient poursuivis pour différents motifs dont homicide involontaire. Et le tribunal a bel et bien retenu cette notion d’homicide involontaire pour 3 des prévenus.
Un an de prison dont six mois ferme pour Saïd Hamada M’zé, ancien brillant indicateur du GIR qui avait amené 85% des prises de stupéfiants du service mais qui était aussi un revendeur de cannabis. Impliqué dans la vente de la poudre à l’origine de la mort de Roukia, il est reconnu coupable de transport non autorisé de stupéfiants mais relaxé du chef d’homicide involontaire.
Pour Daniel Mohamed, qui a vendu les 2 grammes de poudre à M. Belmer, le tribunal a tranché pour 2 ans de prison dont un an ferme. Il est condamné pour transport non autorisé de stupéfiants et homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence.
Daniel Papa, le gendarme qui a manipulé l’enveloppe dans laquelle était rangée la drogue, a toujours affirmé qu’il n’en connaissait pas le contenu. Pour transport non autorisé de stupéfiants, homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence, il écope d’un an de prison dont 6 mois avec sursis.
Enfin le policier Jérémie Bouclet, est condamné à 2 ans de prison dont 1 an avec sursis et une mise à l’épreuve de 2 ans pour transport non autorisé de stupéfiants, trafic et homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence. Il est relaxé du chef d’acquisition de produits stupéfiants. Le tribunal ordonne aussi une obligation de soin.
D’importants dommages et intérêts
Concernant les dommages et intérêts défendus par Me Mansour Kamardine et Me Mohamed Idriss, les avocats des proches de Roukia Soundi, les montants atteignent des sommes peu courantes à Mayotte.
Trois des membres du GIR, Mathias Belmer et Frédérique Blondel, tous les 5 condamnées, devront payer solidairement un total de 44.000 euros.
Dans le détail, les sommes sont destinées à la mère de Roukia (20.000 euros), sa tante (8.000 euros) et 8000 euros pour chacun de ses frères. Ils devront enfin s’acquitter de 6.000 euros de frais d’avocat.
Les personnes condamnées ont 10 jours pour faire appel de la décision.
RR
Le Journal de Mayotte
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