Le président Soibahadine Ibrahim Ramadani a donc fini par rencontrer les « campeurs de l’hémicycle », ces Femmes leader, agents de la SMART, commerçants et entrepreneurs, qui, pour faire entendre leur voix, avaient bloqué les accès au conseil départemental pendant deux jours.
Des manifestants qui avaient durement accueillis une délégation d’élus la veille, ce qui avait incité les services à déployer une dizaine d’agents de sécurité autour du président ce mercredi. Face à un hémicycle plein, dont beaucoup exhibaient des pancartes « Suppression octroi de mer”, «Suppression DSP port de Longoni”, le discours était très attendu. Il aura essentiellement porté sur la Délégation de service public du port de Longoni.
Préfet et président du CD, commerciaux pour le port
Le président nous a rapporté ce qu’il a expliqué en shimaoré pendant deux heures durant : « J’ai signalé qu’une requête en interprétation avait été déposée début janvier après du tribunal administratif. Il s’agit de savoir si oui ou non la DSP donne expressément la manutention à la gestionnaire du port MCG ou pas. » Ils ont intégré dans leur dossier la lettre du 3 septembre 2014 de l’ancien président Zaïdani « mentionnant que la manutention n’était pas comprise dans la DSP. »
Le président renvoie ensuite au conseil portuaire qui doit se tenir demain, « au cours duquel un agrément devrait être donné à la SMART, ainsi qu’une Autorisation d’occuper la zone portuaire. » Deux élément qui devrait pouvoir renouer le dialogue avec la compagnie CMA-CGM, qui en faisait un préalable, « avec le préfet de Mayotte, nous allons personnellement les rencontrer, et à défaut, dans un deuxième temps, démarcher d’autres compagnies. » Des VRP de luxe pour le port de Longoni, en somme.
« Accords signés mais jamais tenus »
Enfin, le président révélait que ses services collectaient les éléments permettant de dénoncer la DSP : « Nous recensons les manquements du délégataire. Nos avocats planchent sur le sujet pour la remettre en cause sans trop nous impliquer financièrement. »
Le risque pour le département est en effet de devoir dédommager Ida Nel, présidente de MCG, le gestionnaire du port, ce qui se fait habituellement, surtout en raison des investissements effectués, « mais pour lesquels Ida Nel ne nous a jamais consultés, bien que nous soyons déléguant, notamment sur les travaux en cours. » Des investissements plus conséquents qu’à Maurice ou La Réunion, pour un trafic dix fois moindre.
Ce n’est donc pas un dilemme sur la modernisation nécessaire du port, mais bien selon Soibahadine Ramadani, « le respect des multiples accords qui ont été signés mais jamais tenus. »
Le Conseil départemental vient donc de s’affirmer pour la première fois, mais il l’a fait sous la pression de la foule : « Tant que nous n’aurons pas eu gain de cause, je ne suis pas certain que ce soit encore une prise de conscience », indique Balahache Ousseni, CFDT.
Les manifestants ont malgré tout rangé leurs pancartes, pas jeté, rangé…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
Comments are closed.