A l’échelle de l’histoire de Mayotte, le Centre universitaire, de Formation et de Recherche s’est créé hier, en 2011, avec toutes les difficultés de mise en place que cela suppose, et ne s’était donc pas encore réellement préoccupé de l’avenir professionnel de ses étudiants. C’est fait, et avec succès, avec les premières Rencontres Etudiants-professionnels ce jeudi 11 février. « Je n’avais jamais vu l’amphi aussi plein », s’est même écrié Laurent Chassot, le directeur du CUFR dans son discours d’accueil des participants.
Un amphi qui s’est vidé aussi vite que les salles de rencontres se remplissaient de la trentaine d’intervenants, expert-comptable, commercial en assurance, journalistes, juriste, avocat, assistante sociale, gendarme, policier, chef d’entreprise… Tous ont eu un succès fou !
Des professionnels qui ont immédiatement et massivement répondu présents à l’appel du CUFR, une preuve de plus de l’implication de tous en faveur des jeunes.
Infléchir le taux d’échec des étudiants
Cette journée, on la doit à Laurent Chassot bien sûr, mais surtout à Madina Regnault, Responsable du Pôle de la Réussite étudiante, créé en septembre dernier. La réussite de la Journée tient selon elle dans son travail transversal : « J’ai ciblé les intervenants en fonction de tous les débouchés offerts par les filières ici à Mayotte. » Il faut dire qu’elle enseigne la méthodologie, lui conférant de réels talents d’organisatrice.
Si la demande lui est remontée par ses étudiants de L3 AES (Administration économique et sociale), cette journée répond aux deuxième axe de sa mission. Le premier vient du ministère de l’enseignement supérieur qui a demandé au CUFR de trouver une stratégie pour infléchir le fort taux d’échec scolaire en 1ère année de licence : « Cette année, seuls 12% d’étudiants ont validé leur première période d’examens. Un pourcentage très faible, même si la 1ère année est la plus difficile partout. »
Discours sur la méthode
Madina Regnault a donc recruté 9 vacataires pour l’épauler, « des jeunes diplômés, les meilleurs étudiants de fin de cycle. Moyennant rémunération, ils travaillent auprès des 1ère année en leur donnant des conseils de méthode, de prises de notes, de dissertation, etc. » Un avocat, un étudiant diplômé à Paris et deux intervenants externes, viennent compléter l’équipe, opérationnelle depuis un mois.
La deuxième phase de la mission de cette diplômée de sciences Po Paris, avec bouclage de thèse à Berkeley comme chercheuse invitée, est donc axée sur les perspectives à offrir aux fins de cycle, « en créant des partenariats avec des professionnels, et en suscitant l’intérêt des étudiants sur des vocations potentielles. »
L’envie de continuer
Il y a avait même des 2ème année de licence ce matin pour rencontrer les professionnels, prouvant la demande des étudiants.
Les échos sont différents en fonction des filières. « Nous avons les idées plus claires », assurent trois jeunes filles qui viennent de rencontrer nos consoeurs Halda Halidi et Kalathoumi Abdil-Hadi, une documentaliste et une professeur de français, « mais il n’y a pas d’autres professionnels pour notre filière de L3 Lettres modernes. » La gendarmerie ? Non, vraiment pas.
Plus loin deux étudiants en Géographie sortent avec le sourire après avoir rencontré un chargé de projet en urbanisme et un architecte : « Je voulais arrêter après la licence, mais là, je vais continuer en maîtrise ! » Sa décision d’arrêter était liée au type d’enseignement, « trop théorique, pas assez de pratique ». C’est aussi pour cela que le CUFR propose désormais des licences professionnelles
Une Journée que Laurent Chassot souhaite « ancrer dans le temps », et qui pourra aussi continuer à se diversifier en proposant d’autres voies, comme les métiers médicaux ou maritimes.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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