« Du positif ! » Alors que l’habitude est à la revendication sur le territoire, voilà un directeur d’école qui nous fait du bien, et ce n’est pas la vice-recteur, ni le sous-préfet à la Cohésion sociale et surtout pas le maire, qui allaient s’en priver.
C’était donc l’inauguration de l’école rénovée de 8 salles de classe et d’un bloc sanitaire, ajoutée au bâtiment flambant neuf de 3 classes supplémentaires, d’un bureau et d’un réfectoire, ce vendredi matin à Mtsamoudou. Un peu le village du bout du monde avec sa route en travaux, vers la pointe est de la commune de Bandrélé.
Un investissement de 1,5 million, que nous avons suffisamment détaillé, financé à 98% par l’Etat dans le cadre de la Dotation Spéciale de Construction et d’Equipement des Etablissements Scolaires
(DSCEES).
Habitat insalubre et assainissement
Et ce n’est que le début du programme de modernisation scolaire dont va bénéficier la commune, selon le maire Ali Moussa Moussa Ben : « Nous avons souhaité mutualiser les moyens en recentrant dans un même lieux des écoles vétustes, en rénovant et en construisant pour mettre en place une restauration collective à la prochaine rentrée. »
Nous avions consacré un long article à cette commune dynamique, dont le budget n’est pas contrôlé par la Chambre régionale des comptes, et dont le premier magistrat rappelait le gros effort en Résorption de l’habitat insalubre, « bouclé ici à Mtsamoudou », et les programmations à venir : « une station d’épuration et dans quelques semaines, le Pôle de proximité du village, facilitateurs dans les démarches des administrés avec la mairie, et qui abritera des activités culturelles et sportives. »
Soutien officiel à l’inspectrice
Infatigable sur les éloges, et animateur du jour, le directeur tenait à saluer la présence de l’inspectrice, en soulignant largement sa disponibilité, « même au téléphone à 4 heures du matin. Tout le monde a d’ailleurs son numéro ici ! » Des compliments appuyés pour soutenir celle qui est aussi assignée au tribunal par le syndicat SNUipp, pour des propos présumés racistes.
Et la vice-recteur Nathalie Costantini en profitera pour enfoncer le clou et soutenir son inspectrice, sans trop se prononcer sur le fond, le jugement n’ayant pas encore eu lieu : « Il est détestable de jeter le discrédit sur quelqu’un qui s’engage, en l’accusant de propos emprunts de haine raciale. Elle agit pour le territoire de Mayotte, ce qui n’est peut-être pas le cas de ceux qui l’ont assignée au tribunal. »
C’est vers le maire que se tournera ensuite la représentante de l’Education nationale, pour le féliciter d’avoir pris conseil auprès du vice-rectorat, « vous nous avez fait confiance. » La présence de nombreux parents d’élève à l’inauguration la confortait dans un nécessaire travail en commun pour « endiguer ce climat d’insécurité ».
« Proches de la nation »
Mohamed Toilibou ne passera la parole au sous-préfet Guy Fitzer, qu’après avoir lancé un vibrant hommage à l’Etat, digne d’un de Gaulle : « Quand on voit cet effort de l’Etat, on se sent proche de la nation. L’intérêt des élèves et des enseignants a été pris en compte, nous ne sommes pas ici des français de seconde zone », ponctuait celui qui est aussi fils d’un ancien maire de Sada.
Une voie royale pour Guy Fitzer qui n’avait plus qu’à rappeler qu’il n’avait fait que poursuivre le travail commencé avant lui par Sylvie Especier, et dégager avec le préfet un investissement dans les constructions scolaires de 13,8 millions d’euros en 2014 et 11 millions d’euros en 2015, « avec la mise en place d’un premier plan pluriannuel de construction et de réfection », sur lequel nous reviendrons. « On ne peut plus supporter que 70% de nos écoles aient un avis défavorable de la commission de sécurité », déclarait-il.
A Bandrélé, une page se tourne, mais il en reste encore beaucoup à écrire pour les scolaires : « Nous avons encore des écoles en rotation, à Hamouro, et partiellement à Bambo et Nyambadao, pour lesquelles des constructions et des rénovations sont à entreprendre, comme à Bandrélé où l’école est construite à base de sable marin », souligne le DGS François Delaroque. A Nyambadao, l’école est tombée en ruine à la suite du dernier épisode de fortes pluies. Les élèves ont été basculés vers l’école élémentaire, provoquant des rotations.
Sur sa lancée, le directeur Mohamed Toilibou glissait à la vice-recteur, « avec ça, si je n’arrive pas à remonter les résultats scolaires, je me remettrai vraiment en question ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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