Le conseil de gestion du Parc Naturel marin de Mayotte, présidé par Bichara Bouhari Payet, se tenait ce mercredi matin à Bandrélé. Pendant plus de 3 heures, la trentaine de membres présents sur les 41, ont débattu d’une soixantaine de points portés à l’ordre du jour.
Plus de trois heures, car un point faisait l’objet de longs débats, celui de la gestion de la passe en S : « L’enjeu touristique et économique fait l’unanimité, mais il y a un réajustement à faire avec les services de l’Etat. La charte ne les empêche pas de jouer leur rôle et de continuer à surveiller la zone en cas d’irrégularités », appuie Régis Masséaux, premier vice-président.
Doté d’un budget de 2,5 millions d’euros, le Parc naturel Marin (PNM) de Mayotte va dégager 700.000 euros en investissements. Répartis essentiellement sur des actions pédagogiques, « à hauteur de 120.000 euros en direction des scolaires dont nous avons retenus 53 projets, un gros engagement », approuve Cécile Perron, directrice déléguée du PNM. Qui cite l’exemple du collège de Bandrélé, où l’ensemble des élèves travaille sur la sensibilisation et le respect du milieu marin, et produiront un travail collectif.
Supportabilité d’un modèle aquacole
Les résultats d’une enquête menée sur 1.000 personnes les a orientés vers un renforcement de la signalétique : « On s’est aperçu d’un défaut de perception par la population des actions du Parc, que nous allons combler en communiquant sur les espaces de l’aéroport et des gares maritimes. »
Mais ce qui tient à cœur de Bichara Payet, c’est l’avenir de l’aquaculture : « Un travail est en cours avec IFREMER pour modéliser une installation aquacole et étudier sa supportabilité sur une zone du lagon. » Les résultats devront figurer au Schéma de développement aquacole du conseil départemental.
En tant que propriétaire des installations de la défunte Aquamay, c’est à dire des géniteurs et de leur gestion, le département doit réfléchir à l’après 24 mai 2016, date à laquelle se termine le contrat de transfert de gestion à Aquamatter. Cette dernière pourrait intégrer la nouvelle structure. Un Groupement d’Intérêt Economique est évoqué.
Nos pêcheurs sont perdants
Autre grand volet, la pêche. Avec un point d’achoppement, national celui là : « Nous attendons que le gouvernement se décide à protéger notre zone jusqu’à 100 milles marins des côtes de la pêche des thoniers. Comme la politique commune de pêche les y autorise d’ailleurs », invoque Régis Masséaux. Parce que pour l’instant, nos pêcheurs palangriers sont perdants.
Avant la Rupéisation, tous les pêcheurs étrangers travaillant dans la zone des 100 milles reversaient une compensation, environ 300.000 euros, déposée sur le Fonds de développement de la Pêche locale. Depuis, hormis la zone des 24 miles de pourtour de l’île, les pêcheurs européens sont chez eux, puisqu’en eaux communautaires, et seuls 9 navires Seychellois reversent cette fois à l’Union européenne une somme avoisinant les 150.000 euros, qui devrait passer par le FEAMP, pour revenir peut-être un jour à Mayotte…
Des thons « formule 1 »
Pour inciter Paris à s’activer à Bruxelles, le Parc marin a décidé d’évaluer le « stock de thons », « pour savoir s’il est inféodé à l’archipel des Comores, ce qui protègerait notre ressources des autres pêcheurs sur notre zone des 100 miles », explique Cécile Perron. Pas facile quand on sait que le thon peut se déplacer de 150 km par jour, « deux fois la distance Mayotte-Anjouan », sourit Régis Masséaux.
Le Parc naturel marin va aussi travailler à la refonte de l’observatoire du réseau bénévole Tsiono et, accompagné par l’ONEMA (Office national de l’eau et des milieux aquatiques), va allouer une part de son budget au renforcement de l’acquisition des données sur la qualité de l’eau.
Après ses actions, aucun surplus ne peut être dégagé pour rajouter des corps morts dans le lagon, « nous entretenons le parc des 57 existants. »
Le prochain conseil de gestion se tiendra en juin, pour un bilan du premier semestre, avec peut-être un premier comptage de nos thons mahorais ?!
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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