C’est désormais une triste tradition. Police et gendarmerie envoient le lundi une longue liste d’interpellations ou de résolutions d’affaires intervenues durant les 3 derniers jours. Hier, par exemple, le commissariat avait organisé son communiqué en 3 rubriques.
Dans la catégorie, «phénomènes urbains», une «grosse bagarre» au rond-point du M’biwi aux Hauts-Vallons vendredi soir et des agents de sécurité de Disma à Kawéni pris pour cible de jets de pierres par des jeunes, samedi soir. Les policiers ont utilisé leur flashball, les jeunes ont pris la fuit dans la mangrove.
Dimanche enfin, des voitures ont été caillassées sur la côte Sogéa dont celui d’une infirmière qui se rendait à l’hôpital.
Dans la rubrique “atteinte aux biens”, un individu placé sous contrôle judiciaire pour un vol à l’arraché d’un téléphone portable dans une voiture et un vol en réunion ; un rappel à la loi pour des six gamins surpris avec un régime de bananes et qui avaient caillassé la voiture des policiers ; une garde à vue après un vol de scooter par… huit individus ; une autre garde à vue pour un conducteur récalcitrant «pertubateur» au camion blanc avec 3 grammes d’alcool par litre de sang.
Enfin, du côté des «atteintes aux personnes», une magistrate en plein jogging attaquée par des chiens appartenant à un groupe de la convalescence dimanche ; des violences réciproque au rond-point du manguier entre un cyclomotoriste et un automobiliste tous deux armés d’un couteau et qui ont fini en garde à vue…
Le constat et les conclusions
Et pour cette masse d’arrestations et de gardes à vue, combien de faits non résolus? Et de quelle nature? Le député Ibrahim Aboubacar en a fait une bien sinistre liste dans une tribune envoyée à la presse hier.
Il s’est astreint à répertorier ce qui ne cesse de remplir notre rubrique «faits divers» : cambriolages de nuit comme de jour à présent; agressions dans l’espace public ou privé, en zone urbaine notamment, à visage découvert ou caché à présent; vols et agressions dans les campagnes où il devient aventureux d’aller cultiver seul ou seule; bagarres entre clans de jeunes de villages différents qui dégénèrent à présent en meurtres aveugles; violences dans et aux abords des établissements scolaires; viols de femmes dans l’espace public ou privé de plus en plus courants; agressions sur les routes le soir, certaines routes de Mayotte étant devenues dangereuses; consommation de drogue qui aggrave le tout et qui explose, notamment de la chimique qui rend fou celui qui la consomme…
Avec cette tribune «sur l’insécurité à Mayotte», Ibrahim Aboubacar voudrait mobiliser. Il commence par retracer l’historique de la montée de toutes les formes de délinquance et en particulier ce point de rupture que fut 2011, avec «l’appropriation de nouveaux phénomènes et de modes d’agression». Et le député note qu’un nouveau cap vient d’être franchi : «le nombre d’actes de violence a explosé et leur gravité a changé de nature.»
«Ce constat fait, l’important est d’en tirer les conclusions et d’agir vite et juste.»
Les leviers des autorités
Avec une certaine lucidité, le député affirme d’emblée qu’«il n’y a pas de remède miracle». Pour autant, les autorités ne sont «pas démunies de leviers», à réactiver ou à «mettre en place de manière accélérée».
Il est question de «reconsidérer la manière dont les enfants sont élevés et l’exercice de l’autorité parentale»… même si «seulement» un peu plus de 12% des actes de délinquances commis en 2014 sont le fait de mineurs, indique le député.
Pour Ibrahim Aboubacar, il faut ensuite du sport et de la culture, «et là, c’est l’action des Collectivités publiques en lien avec le monde associatif qui est à reconstruire».
«Dans l’école également, où l’apprentissage de comportements civiques et de la mixité doivent être renforcés; et le soutien et l’accompagnement des enfants en difficulté, organisé et financé : car il ne suffit pas de proclamer l’obligation de les scolariser.»
Enfin le député appelle à des réponses nouvelles de la part de la police et de la justice.
Mobiliser tous les outils
En peu plus concrètement, le député veut le déploiement de l’arsenal complet de «la politique de droit commun sécuritaire», accentuer «les dimensions ‘cohésion sociale et urbaine’» des contrats de ville, mobiliser les outils REP et REP+ dans le monde scolaire, relancer la politique culturelle, concrétiser «l’idée d’Etats généraux du Sport avancée par le Président de la CDM»… et le classement «au moins en partie» de Mayotte en ZSP (zone de sécurité prioritaire), «la zone Koungou-Tzoundzou imposant un traitement ad hoc»… de grandes mesures générales mais très peu d’actions très précises.
Le député veut finalement combattre «ce sentiment diffus de désordre et d’impunité (…) pour que la population n’en vienne pas à considérer que le délinquant est plus protégé que le citoyen victime».
Ministères et collectivités sont appelés à la tâche… Il n’y a plus qu’à rendre très concrètes toutes ces prises de positions.
RR
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