A Mayotte, 80% des entreprises sont minuscules, tournant autour d’un à deux salariés. Plusieurs d’entre elles auraient l’opportunité de se développer, mais faute d’accès à un prêt bancaire, ou de pouvoir apporter une garantie décennale dans le bâtiment, elles végètent. D’autre part, avec une gestion au jour le jour elles passent parfois à travers les mailles fiscales, jusqu’au jour où un contrôle pourrait les assassiner.
Pour toutes ces bonnes et mauvaises raisons, le Centre de gestion Agréé de Mayotte s’est fait forcer la main pour proposer, avec l’aide de l’Etat, des prestations comptables à des prix défiants toutes concurrence : « Nous accompagnons les micro-entreprises* dans la tenue de leur comptabilité, en les informant sur les obligations comptables et fiscales », explique Jean-Pierre Hervé, président du Centre de gestion agréé de Mayotte (CGAM).
Passer par un expert comptable pour valider leur chiffres leur aurait coûté environ 1.200 euros il y a quelques années, explique Jacques Launay, en charge du développement économique à la Dieccte, « les prestations ont donc été baissé à 600 euros par an au CGAM, avec un accompagnement de 400 euros de l’Etat la première année. »
Moins de la moitié des entreprises visées ont adhéré
Soit donc 16 euros par mois pour avoir une comptabilité aux normes la première année, puis 50 euros par mois les années suivantes : « Ce qui permet d’accéder aux prêts bancaires, aux subventions du conseil départemental, d’envisager participer à un cofinancement de fonds structurels européens… »
Malgré ces mesures incitatives, seules 200 entreprises ont déposées leur dossier au Centre de gestion sur les 500 que devrait couvrir le dispositif : « Nos partenaires que sont la Chambre de commerce, la chambre des métiers, l’Adie, la Dieccte, la BGE, la CMC doivent informer leurs adhérents de l’existence de ce dispositif », demande Jean-Pierre Hervé, relayé par Isabelle Chevreuil, expert comptable, « sans obligation en France, rien n’avance. La DEAL, les transporteurs, les banques ou le conseil départemental doivent inciter les commerçants, artisans et professions libérales à se rendre à la BGA pour pouvoir répondre aux appels d’offre des marchés, ou obtenir des aides publiques ou des prêts. »
Objectif du président Hollande
Pour Jacques Launay, il s’agit aussi pour une branche soumise à la concurrence de muscler son activité, « comme les sociétés de taxi qui vont être concurrencées par les transports en commun qui arriveront un jour, rêvons un peu ! » Il espère toucher 2.000 Très Petites Entreprises à terme, « l’opération entre dans les objectifs présidentiels d’une montée générale en compétence des entreprises. Nous proposerons d’ailleurs à Mayotte la prime à l’embauche. »
Les Centres de gestion sont nés de la volonté de Valery Giscard-d ‘Estaing de proposer aux professions libérales le même allègement d’impôt de 20% dont bénéficiaient les salariés, contre la garantie d’une gestion comptable aux normes. Ils se dotent de l’assistance technique d’un inspecteur des impôts qui vérifie le travail effectué.
« Passer de l’ombre à la lumière », comme le souligne Isabelle Chevreuil n’est pas chose facile pour les très petites entreprises, « nous devons faire plus qu’un simple accompagnement économique et financier pour les rassurer », et pourquoi pas impulser un tel développement que ces entreprises pourront s’affranchir un jour du centre de gestion, « et avoir recours à un expert comptable ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Les commerçants ayant un chiffre d’affaire maximum de 82.200 euros, et les prestataires de services de 32.900 euros
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