REVUE DE PRESSE. La crise politique connaît son lot quotidien de rebondissements à Moroni. Ce mercredi, la Gazette des Comores nous apprend qu’une drôle de découverte aurait été faite : «100 feuilles de dépouillement frauduleusement remplies par une même personne», titre le journal.
«Les candidats contestataires (qui sont désormais 20 sur 25) ont annoncé détenir une preuve irréfutable démontrant qu’il y a bel et bien eu fraude lors des élections»… ce qui «finit de ternir les résultats proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni)», affirme la Gazette.
Alors que les craintes sont de plus en plus vives face à une situation qui pourrait dégénérer, «le maire de la capitale et candidat à la présidentielle, Mohamed Daoudou (Kiki) appelle la population à rester calme et à éviter les provocations».
Insurrection annoncée
C’est dans ce contexte qu’intervient l’interview donnée au journal Le Monde par Hachim Saïd Hassane, dont la candidature avait été invalidée par la Cour constitutionnelle en janvier. «Seule une révolution peut aujourd’hui sauver les Comores», affirme-t-il sans détour. «L’archipel est aujourd’hui plongé dans le désespoir à cause de la volonté du pouvoir de se maintenir en place. La situation est tendue et je pense que nous allons vers une insurrection», explique-t-il.
Regardant l’attitude de l’Union africaine dont les observateurs affirment que le scrutin s’est bien déroulé, il indique qu’effectivement, «il n’y a pas eu mort d’hommes, mais tout le monde sait que les élections ont été truquées. Les procès-verbaux que nous possédons le prouvent. Un village, qui a boycotté le scrutin pour protester contre le manque d’eau et d’électricité, a été comptabilisé avec 1 000 votants. Les observateurs ont dit que tout s’était bien déroulé parce qu’il n’y a pas eu de violences physiques.»
Pour lui, impossible d’organiser le second tour le 10 avril prochain : «Nous allons tout droit vers un tripatouillage des urnes. Nous appelons à la mobilisation de la population qui, après quarante ans d’indépendance n’a toujours rien», affirme-t-il.
Regarder ailleurs
Pendant ce temps, RFI et Al Watwan relatent la visite du président Ikililou à Tananarive, avec un «tête-à-tête hier entre les deux chefs d’Etat au palais d’Iavoloha». «Madagascar et les Comores veulent renforcer leur coopération», explique la radio internationale.
«A trois mois de la fin de son mandat, le président comorien Ikililou Dhoinine réalise sa première visite d’Etat sur la Grande Île. L’occasion pour les deux présidents de rappeler toute l’amitié qui lie les deux pays. Occasion surtout de présenter une déclaration conjointe listant les futurs chantiers de coopération entre les deux îles de l’Océan Indien. Madagascar accueille pas moins de 150.000 Comoriens sur son sol, ce qui en fait, de loin, la plus importante communauté étrangère de l’île.»
Des projets de coopération très ambitieux mais sans délais de mise en œuvre, un président comorien à trois mois de la fin de son mandat… pas vraiment de souffle dans cette visite mais, comme toujours, les mêmes poncifs pour masquer le vide politique… Comme toujours, on a parlé de Mayotte ! «‘L’île d’Eparse, on soutient Madagascar ; l’île comorienne de Mayotte, nous l’avons sur le droit international. Et je crois que le droit international doit être appliqué.’», a-t-il affirmé.
Cynisme économique
Enfin, le Journal de l’Île de La Réunion consacre son éditorial du jour à «une sacrée dose de cynisme». Sous la plume de Jérôme Talpin, le JIR raconte que neuf salariés en voie de licenciement d’un supermarché Franprix de Jussy, en Picardie (au nord de la métropole), se sont vu proposer des solutions de reclassement. «Il est suggéré aux futurs chômeurs de retrouver du travail en Thaïlande, au Brésil, à Maurice, à Mayotte, ou à la Réunion»… des propositions de reclassement qui «sont donc du bidon, formulées uniquement parce que la procédure de licenciement l’exige». Ldirection de Franprix «sait pertinemment que ces salariés ne répondront pas favorablement à un transfert géographique de leur existence».
Le JIR voit dans ce type de méthode «une sacrée dose de cynisme (…) encore plus pimentée quand on connaît les chiffres du chômage à la Réunion qui concerne plus de 30% des actifs.»
Jérôme Talpin de conclure qu’il «est tout aussi cynique de vouloir lutter contre des licenciements en ”exportant” les victimes désignées dans une terre de chômage.» De quoi donner «un écho plus puissant» aux critiques sur le projet de modification du code du travail, un «texte fragilisant les salariés», selon lui.
RR
remi@jdm2021.alter6.com
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