La formation des professionnels mahorais en recherche clinique se poursuit. Proposée par l’Association européenne de formation et d’assistance médicales de proximité du docteur Laurent Bayonne, elle accueille actuellement une équipe de chercheurs de Strasbourg qui tente de faire passer leur fibre de têtes chercheuses aux infirmiers et au pharmacien inscrits à la formation.
A noter encore une fois que 3 stagiaires malgaches et 3 comoriens n’ont pu assister à ce stage mahorais, faute de visa.
Le professeur Philippe Wolf, président du Comité de protection des Personnes à Strasbourg, « un comité d’éthique de la recherche », précise-t-il, a notamment dispensé un cours sur la réglementation des essais cliniques, actuellement sous les feux de l’actualité avec le décès d’un volontaire à l’hôpital de Rennes, « j’ai évoqué les lois qui protègent les données personnelles et la bioéthique. »
Beaucoup d’investigations à mener
Le professeur Nicolas Meyer est enseignant en santé publique, mais s’est exprimé sur la méthodologie de la recherche : « L’objectif n’est pas de développer une recherche sur des médicaments à Mayotte, mais plutôt de s’intéresser aux études épidémiologiques, aux pathologies, ou aux formes d’infections ou d’accidentologie. »
Il y a des manques bien sûr à Mayotte en terme de statistiques médicales notamment, mais ce n’est pas l’objectif ni de la mission, ni du futur pôle de recherche, explique Philippe Wolf : « Notre domaine est vaste, il y a toujours de bonnes questions à se poser. Quant à l’incidence du développement de la recherche, elle est à chercher du côté de la qualité des soins, elle oblige les médecins à améliorer leur pratique, induisant un suivi qualitatif amélioré pour les patients. D’autre part, le futur pôle pourra bénéficier d’investissements conséquents », nationaux et européens.
La toile se tisse peu à peu
Sur quatre médecins régionaux formés lors de la précédente cession deux ont été admis. Laurent Bayonne est l’un d’entre eux : « Il y a les médecins investigateurs, mais aussi les assistants en recherche clinique, qui font l’objet de l’actuelle formation, et les administratifs chargés de la réglementation et de l’interaction avec les instances réglementaires. » Il tisse donc peu à peu sa toile, une équipe qui participera à la structuration de la recherche.
Cette action doublée de la création de l’Observatoire régional de Santé, inscrit en marge du nouvel organigramme du département, peut conduire peu à peu Mayotte a prendre son autonomie vis à vis d’une Agence Régionale de Santé Océan Indien basée et centrée sur La Réunion, y compris pour la communication : « Sous réserve de pouvoir conserver cet Observatoire régional de santé sur le territoire, susceptible d’attirer jusqu’à 100 millions d’euros d’investissement », prévient le docteur Bayonne.
Pendant ce temps à l’intérieur de la salle DRH du conseil départemental, le professeur Laurent Monassier, Laboratoire de Neurobiologie et Pharmacologie cardiovasculaire, Faculté de Médecine et CHU de Strasbourg, explique les effets du placebo et des médicaments placebo aux stagiaires de santé, autrement dit, comment une injection de sucre peut provoquer des effets chez nous, « en libérant des opioïdes dans le cerveau », en fonction de la méthode d’administration.
Les futurs professionnels de la recherche ont rendez vous pour le concours national le 9 mai prochain.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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