C’est une bande de jeunes qui a un différend avec le gérant d’un débit de boisson. Alors que le village d’Acoua est en fête ce 12 décembre 2015, avec une soirée malgache au programme, trois jeunes l’attendent sur la plage pour le passer à tabac : « Deux coups de poing, plusieurs coups de pied, de bâtons, et l’un d’entre eux prend un couteau et lui entaille lentement la peau au niveau du biceps, pour lui laisser une trace durable »… le juge Banizette rappelle les faits au cours de l’audience correctionnelle de ce mercredi
Fait consternant, les auteurs, interpellés plus tard, sont tous mineurs. Ils seront jugés au tribunal des enfants. Mais mettent en cause une 4ème personne, ce jeune de 18 ans qui se retrouve à la barre, un peu nonchalant, ce mercredi.
Une morale pour éviter de basculer
N.S. n’a pas participé, mais n’a pas empêché non plus. C’est pour cela que le procureur voulait sa comparution, pour endiguer le mal à la racine, alors que le jeune a tout juste 18 ans : « Vous n’avez rien fait, mais justement rien du tout ! », lui reprochera le magistrat dans son réquisitoire.
« Je suis venu juste pour voir ce qu’ils allaient faire », s’explique-t-il. « Pourquoi ne pas les avoir empêchés, ou cherché des secours ? », interroge le juge. « Parce que c’est moi qui aurait reçu les coups de couteau. J’ai eu peur », répond cet élève de terminale au casier judiciaire encore vierge.
C’est une leçon de morale que lui prodiguera le procureur Joël Garrigue : « Vous étiez le grand de la bande, au lieu de modérateur, vous êtes resté spectateur. Pourtant un membre du groupe a essayé de calmer les violences, vous auriez pu l’imiter. Empêcher ça, c’est notre mission à tous en tant qu’adulte, vous y avez failli. »
Pour ne pas être intervenu lors du lynchage, et avoir cédé au phénomène de bande, N.S. sera condamné à 100 heures de travaux d’intérêt général.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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