« Vous véhiculez l’espoir dans un climat de morosité », lançait le sénateur Thani Mohamed Soilihi à l’endroit des chefs d’entreprises.
Les Trophées mahorais de l’entreprise sont nés en 2012 dans un contexte post manifestations contre la vie chère qui avaient ébranlé la sphère économique et sociale de Mayotte. Visée par les grèves, la grande distribution avait subi des pertes à la suite plusieurs jours de fermeture, et elle n’était pas la seule. D’autre part, c’est l’image de l’entreprise dans son ensemble qui avait été écornée. Il fallait donc remonter le moral des entrepreneurs, et tenter de rendre le territoire attractif aux investisseurs.
C’est ce qui avait incité Laurent Canavate, le patron du groupe Somapresse, à participer au relèvement du secteur en créant les Trophées de l’entreprise. En classant les prix en cinq catégories: Entreprise citoyenne, Entreprise innovante, Entreprise dynamique, Jeune entreprise et Manager de l’année. Cette 4ème édition se tenait au BSMA à Combani au milieu de nombreux invités, dont le député Ibrahim Aboubacar, le sénateur et de nombreux conseillers et conseillères départementaux. Chacun repartait avec un petit sac de crèmes de soin offert par la parfumerie Mado.
Les petits cannelés de Graine de Sésame récompensés
Le challenge est de taille, puisqu’il faut avec justesse cibler l’entreprise dont l’image, quelle soit citoyenne, ou innovante, va rester pérenne, et ne pas risquer un décalage entre l’idéal et la réalité, ce qui a pu arriver dans le passé.
C’est à cette tâche que devait s’atteler le jury composé de la préfecture, du conseil départemental, des trois chambres consulaires, le Centre de gestion CGAM, la CGPME, le Medef, le CESEM, l’Adie, la Couveuse d’entreprise et la BGE.
C’est Graine de Sésame qui remportait le Trophée de la Jeune Entreprise 2015, remis par Farrah Hafidou, présidente de la couveuse d’entreprise Oudjérébou, fière de récompenser un ancien couvé. Ce snack s’est installé le 23 mars 2015 sur la place de l’ancien Marché, créé par une ancienne employée de la BFC, Nabjlat Attoumani, et la pâtissière Imane Abdouckarim. Les petits cannelés, c’est elle, « Difficile d’en cuisiner en ce moment, faute d’avoir suffisamment de vanille », et ainsi que les petites verrines et desserts pour les cocktails*, « aujourd’hui on m’a commandé 3 gâteaux d’anniversaire. »
Rendre le vélo électrique compétitif
L’Entreprise dynamique, ce sera MCTP, Mahoraise de travaux publics : « Nous renaissons de nos cendres », expliquaient ses dirigeants qui ont du se reconvertir en étendant leur activité à l’assainissement, l’eau potable et les gazons synthétiques.
Dans un contexte de préservation de l’environnement, on ne pourra que se féliciter que le Trophée de l’entreprise innovante soit remis à E-vélo** : « Nous avons pris des risques, mais il était important de trouver une alternative à la voiture sur notre territoire », déclarait Dhinouraini Elkader. Pas assez visible à Cavani, dans sa recherche d’un siège social à Mamoudzou, l’entreprise a sollicité le conseil départemental : « Nous pourrons ainsi diminuer considérablement le prix de la location à la journée et devenir compétitif. » Ils ont vendus quelques vélos électriques, « mais nous ne sommes pas assez concurrentiel par rapport au prix d’un scooter. »
Malgré le départ précipité du Sous-préfet Secrétaire Général aux Affaires Régionales, Michel Piriou, qui vient d’être nommé SGAR adjoint, rassurait sur le traitement des dossiers de fonds européens « toujours en cours ». Il remettait le prix spécial du jury à Michel Taillefer, ancien président du Medef, qui invitait à se battre, « se battre pour notre île. Si les rats quittent le navire, nous ne sommes pas des rats », lançait-il.
Une cérémonie auto-financée
« Je félicite les investisseurs qui prennent des risques malgré l’ambiance morose liée à l’insécurité », avait d’ailleurs souligné Abdou Dahalani, président du CESEM. Une phrase qui concerne Ersi Volonaki, couronnée Manager de l’année 2015 pour l’implantation de la chaîne de fastfood grec Goodies. Absente lors d’une soirée qui avait pris beaucoup de retard à la suite d’un accident mortel qui avait stoppé toute circulation sur la rocade, c’est un Trophée en bronze créé par Didier Prével, artiste métropolitain résident à La Réunion, qui l’attendra. Ainsi qu’un billet d’avion Air Austral sur le vol direct en B787-8 en Club Austral.
En dehors de la publicité et de la reconnaissance de leurs pairs, les autres catégories ne sont pas dotées. Somapresse, subventionné l’année dernière par le conseil départemental sous Daniel Zaïdani, finance en effet l’intégralité de cette cérémonie, y compris la location du site du BSMA : « Même le billet d’avion fait l’objet d’un échange commercial », indique le patron de presse qui regrette que la CCI n’ait pas tenu son engagement initial.
Autant que la récompense d’individus qui innovent, c’était la fête de l’économie samedi soir à Combani, et ce n’est pas si souvent.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
Les récompenses sont financées par
Somapresse, financé par CD mais seule
« ça ne m’a pas apporté grand chose, mais la reconnaissance C’est Cédric Lelaidier, lauréat 2015 pour OIDF
* Graine de sésame : 0269 60 07 27
** E-vélo : 06.39.67.04.07
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