Il ne mâche pas ses mots pour dire son opposition aux propositions de Victorin Lurel. Homme d’affaire et ancien prétendant à la députation en 2012, Kamaldine Attoumani Soumaila vient de lancer une pétition pour faire entendre ses arguments.
Pour mémoire, le rapport rendu par l’ancien ministre Lurel est une préfiguration d’un projet de loi pour les Outre-mer construit sur 35 recommandations et 75 propositions. L’objectif est une convergence vers la situation économique et sociale de la métropole sur 25 ans. Mais Kamaldine Attoumani Soumaila y voit, à l’heure actuelle, tout autre chose. Il n’hésite pas à parler de «traitrise» envers la France et d’un danger pour «l’unité de la République française».
«Il faut parler frontalement pour se faire entendre», explique-t-il au JDM.
Pour lui, ce texte est «une série de mesures pour pousser les outre-mer vers des horizons indépendantistes et creusant d’avantage les inégalités dans la république.» Ce sont d’abord les mesures fiscales qu’il dénonce, en contradiction avec la lutte contre la vie chère Outre-mer: extension de la TVA, mise en place d’une TVA régionale d’outre-mer, augmentation du plafond des octrois de mer et leur application aux prestations de services…
«On va même jusqu’à taxer les services. Je craints qu’on propose d’avoir des recettes pour avoir des recettes. Je ne vois malheureusement aucune proposition qui va dans le sens d’un développement économique local. Où sont les outils pour l’agriculture, la pêche, la transformation des productions locales? Il n’y a rien de ce point de vue là», dénonce Kamaldine Attoumani Soumaila.
L’égalité pose le problème de l’attractivité
Le rapport Lurel comporte ensuite des mesures sur les salaires et les droits des salariés et des entreprises: régionalisation du SMIC, baisse des salaires des fonctionnaires, instauration d’une semaine obligatoire de conciliation avant toute saisine du conseil des prud’hommes, taxation des entreprises qui licencient, «autant de freins à l’embauche et au développement».
Pour Kamaldine Attoumani Soumaila, «on peut dire que les sur-rémunérations des fonctionnaires entretiennent des bulles -immobilières, foncières…- mais baisser les salaires des fonctionnaires n’entrainera pas forcément la baisse des prix et posera de vrais problèmes d’attractivité. Comment faire venir une infirmière à Mayotte si on lui dit qu’elle aura les mêmes conditions qu’en métropole?»
Des visées «indépendantistes»
Finalement, c’est une crainte politique qu’il met en avant. Ces mesures proposées tendraient, selon lui, à faire de chaque département d’outre-mer un véritable «Etat indépendant dans l’Etat». «Je craints que derrière tout cela, on ne trouve des visées d’autonomie des DOM. Quand on met en place une TVA locale, un SMIG local, on fait décrocher les Outre-mer de la solidarité nationale. Et on peut y voir une préparation pour un projet politique tout autre, un projet indépendantiste», affirme-t-il.
Il a donc lancé une pétition pour rallier à ses arguments tous ceux qui douteraient des mesures présentées. Son idée est de peser sur le travail d’Ericka Bareigts et George Pau-Langevin, les deux membres du gouvernement chargées de transformer ce rapport en projet de loi.
La démarche est aussi une façon de renvoyer les politiques locaux au vide de leurs propositions pour le développement de chaque territoire. «Au niveau local, rien ne se passe. Donc, le national décide pour nous, sans consultation. Les gens vont s’en mordre les doigts dans quelques mois», conclut-il.
Sa pétition approche ce jeudi les 200 signatures.
RR
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