Les portes ouvertes, on a l’impression que le lycée agricole les a tous les premiers samedis du mois à Coconi ! Le Marché paysan attire en effet toujours beaucoup de monde, seul lieu de Mayotte où il est possible de trouver dans la même matinée, des poulets fermiers, un citronnier, des boucles d’oreille et un verre gravé d’un ylang ! Le tout en dégustant des jus de fruits frais et un pilao tout chaud.
Mais ce samedi, il fallait pousser au delà du marché paysan pour découvrir l’enceinte du lycée. Outre la découverte des métiers agricole, il s’agissait pour son proviseur Guy Sommer, d’accueillir les responsables des autres établissements de Mayotte pour qu’ils vantent auprès de leurs élèves ces formations pratiques, qui tournent autour du travail de la terre et de l’élevage : « En dehors du vice-rectorat, j’ai du accueillir une bonne quinzaine de mes collègues proviseurs ou principaux de collèges », indique-t-il.
Plusieurs animations étaient proposées : aux enfants tout d’abord, avec la mini-ferme de canetons et de lapins, « nous n’avons pu y mettre les poules finalement », indiquait le jeune lycéen qui y était préposé, et aux adultes avec les démonstrations de tracteurs et de motoculteurs, la visite de la cocoteraie, la dégustation de produits de l’atelier agroalimentaire, la traite des vaches laitières, la visite du maraichage 100% nature, etc.
Lutte écolo contre les mouches du concombre
La pluie a quelque peu perturbé le bon ordonnancement de la matinée, mais les personnes intéressées pouvaient découvrir à l’abri les différentes formations proposées par le lycée agricole : il accueille chaque année plus de 300 élèves, de la 4ème à la Terminale, en passant par les C.A.P. et les Bac professionnels, pour tout un panel de formations initiales «Enseignement nature» : conduite et gestion d’exploitation agricole en élevage, productions horticoles, services aux personnes et aux territoires, agriculture des régions chaudes.
Le centre de formation pour adultes, propose quant à lui des formations en aménagement des milieux naturels, fabrication de produits alimentaires, mais aussi de l’apiculture, des services aux personnes.
Le stand portant sur la recherche et l’expérimentation est toujours très visité, pour les méthodes alternatives aux pesticides qu’il propose dans différents domaines : le réseau Dephy ferme, ou la lutte agro-écologique contre les mouches des cucurbitacées, qui font pourrir nos courgettes, concombre ou pastèque, ou encore le Réseau RITA d’innovation et de transfert agricole dans les DOM.
Ruches africaines
Des méthodes qui intéressent une délégation nationale du Modef, la Confédération syndicale agricole des exploitants familiaux, reçue par Guy Sommer. « Une fédération tournée vers les petits agriculteurs qui sont nombreux à Mayotte », indique Ali Ambodi qui en est le représentant local.
Mais ce qui faisait le buzz ce samedi matin, c’était ces drôles de bacs à pétrin en bois, disposés à l’air libre : « Ce sont des ruches africaines », expliquait l’apiculteur Jean-Pierre Papy, qui en expliquait le principe basé sur l’horizontalité du travail des abeilles, et non plus la verticalité, comme dans les ruches classiques : « les abeilles construisent une formation en demi cercle sous la latte de bois, et lorsqu’elles sentent que le poids devient trop lourd, elles reviennent à la base pour bâtir de nouveau, donnant une forme plus élargie. »
Les agriculteurs parlent aux agriculteurs
Et comme le makis, ce sont des abeilles endémiques, « elles n’ont jamais été métissées, mais ont les défauts de leurs qualités : à la fois sauvages, elles ont du mal à accepter un habitat proposé par l’homme, mais résistent bien au climat à la fois humide et chaud et aux bactéries par contre ! » Car les abeilles ont leurs petites préférences, studieuses : « on les retrouvent souvent dans les toitures d’écoles, souvent peu entretenues. »
Un gros essaim avait notamment été récupéré au lycée Younoussa Bamana : « Nous avions essayé de le rapporter ici dans une ruche, ça a tenu à peine un an. Elles ne sont pas arrivées à rebâtir une organisation autour d’une reine. » Le lycée prévoit de chercher 5 sites adéquats sur l’île avec deux modèles de ruches différentes, la traditionnelles, et le bac en bois.
Une évolution que va pouvoir médiatiser le lycée grâce à son équipe radio : « Il s’agissait du programme professionnel des terminales. Ils ont monté une radio, radio Web, et les émissions sont en cours d’enregistrement, pour une diffusion en septembre prochain », indique Cécile Morelli, Chargée de mission du lycée, mais aussi du Réseau rural de Mayotte, « qui propose grâce aux fonds européens, de coordonner les différents acteurs agricoles du territoire. »
En repartant, les ados se massaient autour de la scène d’un concours de plusieurs style de danse, break dance, hip hop, coupé décalé… le lycée agricole avait vraiment les portes grandes ouvertes.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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