«Tous les dimanches on s’y met, tous les dimanches de 7h à midi!», lance Moussa Attoumani Ahamadi, dit «Winston». Pour répondre au défi de l’insalubrité, il avait créé le 4 novembre 2015 l’association Vahibé nature Environnement. Avec plusieurs objectifs en un : en luttant contre les déchets, il embellit son village et fédère les jeunes autour d’un projet commun.
«Quand on parle de Vahibé, c’est souvent pour ses barrages, les caillassages de bus ou ses conflits inter villages, mais les jeunes ont voulu montrer qu’ils peuvent faire autre chose», explique Zalifa Sarman, secrétaire de l’association.
Et de dimanche et dimanche, de débroussaillages en plantations, ils se retrouvent maintenant une cinquantaine a œuvrer sur les bords de la route et dans le village: «Nous avons commencé par débroussailler avec des chombos, pour planter des litchis, des arbres à pain, des manguiers et partout des fleurs, comme les ‘tahitis’. » Pas besoin d’évoquer l’arrosage pour l’instant, «à chaque fois qu’on a planté, il a plu après ! Mais sinon, certains jeunes chargés de l’entretien passent pour arroser.»
Ils ont commencé à jardiner le 17 janvier, soit avant la manifestation qui a opposé les jeunes du village de Vahibé et ceux de Passamainty, mais Zalifa Sarman n’en démord pas: «Il ne faut pas stigmatiser et classer ces jeunes comme des délinquants. Ils ont été les premiers à débroussailler et à surveiller leurs plantations.» La deuxième étape les amènera vers le nettoyage des rivières, «dès que les plantations auront pris.»
Vers un jardin potager ?
Un travail qui serait à la charge de la mairie de Mamoudzou, c’est d’ailleurs elle qui a fourni les 250 premiers plants d’arbre de l’opération 2.000 arbres sur l’ensemble de la commune. «Mais pour la saleté, nous avons appelé les services de la mairie, mais ils ne travaillent que sur Mamoudzou, ils ne viennent jamais jusqu’à Vahibé, c’est pour ça qu’on a voulu réagir», commente Winston.
Ce qu’il cherche en même temps, c’est à sensibiliser la population, «jeunes comme adultes, en particulier les mamans, avec lesquels nous discutons dès que nous opérons dans un quartier.» Ils font même appel aux dons*, «de graines de fleurs, de plants, de râteaux, etc.»
On serait presque tenté de les inciter à pousser l’expérience mondiale d’«Incroyables comestibles», rapporté par le film «Demain» de Cyril Dion, qui utilise le moindre espace urbain pour y planter fruits et légumes de saison, à disposition de tous. Et tous les habitants veillent sur les plantations.
Vahibé la verte, c’est pas pour demain, mais pour aujourd’hui. Qui dit mieux du côté des municipalités ?
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
*0639 19 28 34
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