Les faits remontent à 2011 et commencent par la rédaction d’un mémoire de Travaux pratiques encadrés au lycée Cité du Nord. E.H. ne mâche pas ses mots pour critiquer le piètre niveau scolaire des élèves et des enseignants, ce qui lui vaut quelques inimitiés…
C’est dans ce climat qu’il va commencer une relation, qui relève selon lui de l’amitié, avec la copine d’une élève de sa classe, S.M., « une fille originale, intéressante et spontanée, mais je n’étais pas dupe de son jeu. » Lorsque le président du TGI Laurent Sabatier s’enquiert de la nature ludique de la relation, l’enseignant de français explique qu’au mois de mars, alors qu’il ramenait plusieurs élèves dans sa voiture, S.M. lui demande un iPhone, « en me mettant sa main sur le sexe. » Quelques jours après, elle est majeure.
Un homme aux amitiés solides
La séquence suivante se passe au restaurant d’application de Kawéni, « mais comment êtes-vous arrivé là-bas comme ça, sans réserver ?! », une question à la Hercule Poirot, du juge Sabatier. Un établissement où la réservation est indispensable, ce qu’il a fait pour lui et S.M. venue avec une amie, et son collègue, D.P. également prévenu, bien qu’absent, comme lui dans cette affaire. Mais ce que voulait dire le juge, et que reprendra une assesseur, c’est qu’il n’a pas tiré de leçon particulière de l’attitude de la jeune fille dans la voiture, « ça m’avait amusé », dira-t-il.
De toute façon, au restaurant, elles sont majeures, il s’agit alors d’une question de morale, « donc pas dans le rôle de notre juridiction », ponctue Laurent Sabatier. Pas plus donc que lorsqu’il ramène la jeune fille à son domicile, où elle dit qu’il a tenté de l’embrasser en l’enlaçant, « elle dira plus tard s’être trompé », relève l’enseignant. Qui reconnaît l’avoir appelé 13 fois en un mois, ce qui ne s’apparente pas non plus à du harcèlement. Et lui avoir offert un bikini pour son anniversaire.
C’est apparemment un homme sensible aux charmes des jeunes filles, puisqu’interrogé, il reconnaîtra avoir eu une relation après que l’affaire ait éclaté, et qu’il ait été sali par la presse locale, « une élève de terminale qui venait me remonter le moral. »
Trahi par les fenêtres publicitaires
Il faut dire que son ordinateur portable est saisi, et que l’expertise fait apparaître des photos de nus, de jeunes filles malgaches majeures, « elles sont personnelles », et des images pédopornographiques, « mais restées sur un temps très court », et que ses avocats Mes Mathias et Souhaili, expliqueront comme étant des fenêtres publicitaires qui s’affichent, « et aussitôt retirées par E.H. »
Une relation de sympathie entre deux êtres, martèlera sans faillir E.H., et qui lui vaudra d’être entendu par le procureur qui demandera lui-même la relaxe. Il avait par contre requis contre son ami D.P., 6 mois de prison avec sursis pour corruption de mineurs. Mais pour les juges, lesdites mineures avaient bien reçu des cadeaux, mais en connaissance de cause et sans qu’une agression sexuelle ne soit prouvée, par déficience de l’enquête. Ils ont donc obtenu tous les deux d’être relaxés, surtout qu’il n’y avait aucune partie civile à la barre…
E.H., qui avait été suspendu par l’administration, pourra recommencer à enseigner, et D.P. profiter de sa retraite à La Réunion.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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