“Cela fait trois nuits que ça dure!”, s’exclame Abdoulhamidi, propriétaire d’une Kangoo qui habite Doujani, “nous avons reçu des gros cailloux jusque dans nos maisons, nous avons peur de sortir. Les jeunes étaient pour les trois quarts cagoulés, et s’en sont pris à nos voitures, la mienne, celle de ma sœur, celle de mon beau-frère. Une bande écumait le long de la rue de la Poste, et l’autre rue Saïd Café.”La nuit précédente, les mêmes jeunes avaient semé la panique dans le quartier.
Comme lors des agressions au collège K2, les jeunes agissent en sachant que les policiers sont pris par ailleurs avec les manifestants de l’intersyndicale.
De Doujani 1 à Bonovo, personne n’a été épargné, “et pourtant, l’hélicoptère de la gendarmerie tournait et éclairait la zone. Mais lorsqu’on appelle la police, cela fait trois soirs qu’ils répondent qu’ils sont débordés”, explique un groupe de femmes, habitantes de Malamanga. Même cagoulés, elles ont malgré tout observé qu’il s’agissait de gamins de 5 à 7 ans pour certains, “et le leader est une femme, elle les encourageait!”
Dépôt de plainte contre le préfet
Quand on leur demande si elles ont déposé plainte, c’est un cri de colère en réponse: “Mais pourquoi faire, ils sont débordés. Un policier nous a dit que le commissaire ne leur avait pas donné l’ordre de se déplacer dans le quartier.” D’autre part, les informations données par les forces de l’ordre aux médias minimisent souvent la réalité des faits.
Le propriétaire d’une voiture s’approche pour nous indiquer qu’ils vont se grouper “pour déposer plainte contre le préfet parce que notre sécurité n’est plus garantie. Nous ne pouvons pas risquer la guerre civile ou que les gens se fassent justice eux-mêmes.” A côté de lui, un habitant apostrophe en shimaoré un groupe de grands ados. Il les invite, nous dit-il, à rejoindre le collège où ils sont scolarisés, “l’établissement est ouvert, vous pouvez y aller!” Les jeunes n’ont pas bougé…
Une délégation de quatre propriétaires de véhicules est actuellement en discussion dans une maison à Doujani avec le commissaire Miziniack. Plus loin, vers le rond point de Cavani, des jeunes érigent un barrage sauvage et y mettent le feu, aussitôt éteint par la police.
“Et ce soir ?!” nous interpelle le même habitant, “qu’est ce qui nous dit qu’on sera protégé?!”
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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