L’IEDOM a quatre missions principales: la circulation de l’argent, l’évaluation des risques des entreprises, une mission d’information économique à l’attention du public et le secrétariat de la commission de surendettement. Aujourd’hui, chaque responsable de ces quatre pôles de l’IEDOM a tiré son bilan pour l’année 2015.
Daoulab Ali Charif, économiste en charge de l’évaluation du «climat des affaires» constate une baisse du moral des entrepreneurs: d’après une étude menée sur un échantillon de 100 structures, les entreprises mahoraises ont peu confiance en l’avenir. Ce climat des affaires «hésitant et attentiste», selon l’économiste, est dû à un climat social perturbé, à des décisions politiques incomprises (notamment la fixation des taux d’octroi de mer qui a généré en fin d’année dernière incompréhension et colère des entrepreneurs), à des évolutions statutaires inachevées (telle la RUPéisation du territoire) et à des retards de mises en œuvre du Contrat Plan Etat Région(CPER) et des programmes opérationnels des fonds européens.
Des indicateurs bien orientés, activité ralentie
Mais ce «climat des affaires» est un indicateur basé sur le ressenti des entrepreneurs interrogés sur la conjoncture économique et leur activité. Or, les indicateurs économiques, a contrario du ressenti des chefs d’entreprises, sont plutôt bons: les prix sont stables, la consommation des ménages est dynamique, les crédits à la consommation et les importations augmentent en 2015 (respectivement de 12,4% et de 5%). Même l’augmentation du chômage (de 4 points l’année dernière) est artificielle car liée à la déclaration formelle des demandeurs d’emploi.
Si les indicateurs économiques sont encourageants, l’activité économique mahoraise est toutefois ralentie. En cause, la disparité qui règne entre les entreprises dont l’activité dépend de la commande publique (comme le secteur du BTP ou l’aquaculture) et qui se trouvent en difficulté ; et celles dont l’activité dépend de la consommation des ménages et qui se portent bien.
Un climat social incertain
L’économie mahoraise pourrait donc être boostée en 2016 si le dynamisme de la consommation des ménages se maintient, si les investissements des entreprises prévus pour l’année 2016 sont effectifs et, enfin et surtout, si la commande publique est relancée via le CPER et les programmes opérationnels des fonds européens. Mais des nuages assombrissent toujours le tableau: on connaît la faible capacité de finance des collectivités, le climat social est incertain et les entreprises sont donc réticentes à l’idée d’investir à long terme et de se lancer dans des projets de développement.
Cependant, une bonne nouvelle nous est annoncée par Bénédicte Daubin, en charge de la cotation des entreprises: la majorité des notes accordées aux entreprises (les cotes) en 2015 sont favorables. «Ceci s’explique par la valeur intrinsèque du risque des entreprises: le dispositif est parfaitement adapté à Mayotte, les entreprises sont peu endettées», affirme Yves Mayet, le directeur de l’IEDOM.
Optimisme, malgré tout
Cette surreprésentation des cotes favorables à Mayotte est également due au fait que les filiales des grandes entreprises sont jugées à l’aune des performances des maisons-mères. Mais malgré ces bonnes cotations, les risques existent: à Mayotte, le poids du stock est important, les délais de paiement des clients sont multipliés par deux par rapport à la métropole dans les secteurs de la construction et du commerce de détail, et les disponibilités de trésorerie sont faibles. En outre, si certaines marges sont supérieures à celles de métropole, on le doit au faible taux de charges sociales… Mais ce taux est évidemment amené à évoluer.
Et enfin, les travaux de l’IEDOM ne prennent pas encore en compte le poids de l’activité économique informelle du 101ème département français. Autant de risques potentiels qu’il sera nécessaire de surveiller en 2016.
Cependant, malgré un bilan mitigé, les indicateurs économiques à Mayotte permettent de rester optimiste quant au développement économique du territoire.
OL
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