Le chiffre donné par la préfecture est frappant. Il est question de 10.000 à 20.000 chiens errants actuellement à Mayotte. Les associations de protection de la nature dénoncent régulièrement les dangers qu’ils représentent pour la faune sauvage, et en particulier les tortues, espèces protégées, inscrites sur la convention de Washington, que ces chiens peuvent attaquer. Ils peuvent déterrer leurs œufs. En 2015, le Parc naturel marin a ainsi recensé une trentaine d’attaques mortelles sur des femelles venues pondre sur les plages mahoraises.
L’agriculture est également victime des chiens errants lorsqu’ils s’attaquent aux élevages. Ils sont également, évidemment, un danger pour les hommes. La présence d’animaux errants à proximité des habitations et des établissements scolaires est jugée «préoccupante» par la préfecture. Le cas du collège de Majicavo est particulièrement marquant avec plusieurs intrusions de chiens signalées.
Ils peuvent, enfin, devenir de véritables armes lorsqu’ils sont instrumentalisés par des délinquants qui n’hésitent pas à s’en service pour attaquer leurs victimes.
Regarder les sujets et les difficultés
La directrice de cabinet du Préfet, Florence Ghilbert-Bezard, s’est saisi du sujet. Elle a tenu une réunion, hier mardi à la Préfecture, pour mettre sur pied un plan d’actions pour lutter contre le phénomène… à commencer par le respect des textes réglementaires. Car le code rural est clair sur la question. Il prévoit que tout chien errant ou en divagation doit être placé en fourrière.
Mais à Mayotte, les difficultés pour s’en tenir à ces textes sont importantes, à commencer, tout simplement, par l’absence de fourrière. En attendant la création d’un tel équipement, les services de la DAAF ont néanmoins mis en place une convention avec un opérateur privé pour le gardiennage de ces chiens capturés.
Autres difficultés, les missions d’intervention, toujours plus délicates en raison de la réalité sociale et sécuritaire du département et le fait que ces chiens se trouvent parfois «dans certaines zones sensibles du département».
Vers une fourrière
Toute une série d’actions a néanmoins été actée aux termes des échanges. Tout d’abord, des opérations ponctuelles, «organisées au nom de la sécurité» seront organisées prochainement en complément des actions de lutte régulières qui permettent le prélèvement de quelques individus.
Dans chaque commune, un recensement des élevages clandestins doit être réalisé, en liaison étroite avec les élus, les polices municipales et les forces de l’ordre. Ces mêmes élus sont également sollicités pour une réflexion sur la création d’une première fourrière, avec la possibilité de financements de l’État et de l’Europe.
Des actions ciblées
Enfin, des zones précises seront ciblées. C’est le cas par exemple de la plage de Moya où plusieurs attaques ont été recensées sur des tortues marines mais aussi des personnes. Des actions récises seront imaginées pour la zone. Même chose dans les quartiers de la Convalescence et à Cavani sud, où des meutes de chiens ont été signalées. Des opérations de capture y vont également être menées.
Pas question pour autant de se mettre les associations de protection des animaux à dos. La préfecture annonce qu’une rencontre va être organisée avec ces structures pour leur présenter ce plan de lutte.
Mais traditionnellement, ces associations sont à Mayotte sur une ligne beaucoup dure que leurs homologues métropolitaines. Car une fois ces animaux capturés se pose la question de savoir ce qu’on en fait. Et sur une île comme Mayotte, des associations locales conviennent en général de la nécessité de l’euthanasie. Ce qui est loin d’être le cas des associations hexagonales.
RR
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