En raison de la présence des familles de « décasés », qui dorment à même le sol depuis une semaine maintenant sur la place de la République, il a fallu trancher sur l’emplacement du Forum des Métiers : après avoir envisagé de le délocaliser place de l’ancien Marché, la mairie de Mamoudzou a donné son accord, tout comme la préfecture, pour qu’il se tienne comme les autres années place de la République.
C’est d’ailleurs un Omar Djoundi, président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA) attristé qui l’inaugurera : « Le dernier Forum des Métiers et de l’Artisanat de ma mandature, et qui tombe à un bien mauvais moment. »
Le colloque avait réuni les artisans de différents pays de la région à l’hôtel consulaire sur le thème de la circulation des artisans dans la zone océan Indien.
Une artisan arrivée en kwassa
Le premier écueil n’est même plus un sujet : les visas ont encore été délivrés de manière anarchique, provoquant des situations rocambolesques. « Le consulat de France à Tananarive a sous-traité les visas, provoquant des problèmes de coordination », introduit Jean-Denis Larroze, Secrétaire général de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. Une femme artisan malgache a même été obligée d’emprunter un kwassa de luxe, pour arriver jusqu’à nous.
De même, certains visas ayant été délivrés aux Comores sur la période du 23 au 29 mai, ses détenteurs se sont vus refuser l’accès au Maria Galanta le 22 mai lorsqu’ils ont voulu embarquer pour Mayotte. Tant que des visas d’affaire ne seront pas délivrés, chaque édition rencontrera le même problème.
Bertrand Brohon, Chargé de mission au SGAR de la Préfecture, abordait le difficile sujet de la coopération régionale. Alors qu’elle devait réduire le fossé de niveau de vie entre Mayotte et les Comores, en proposant notamment de développer les échanges, elle reste toujours victime du saupoudrage de l’ex Fonds de coopération régionale du ministère des Outre-mer.
Pas de coopération sans interlocuteur
Avec l’accès de Mayotte comme Région Ultrapériphérique, ce sont désormais les fonds européens qui ont pris le relai, « avec une exigence, celle du gagnant-gagnant, et non plus d’une assistance à pays tiers », rappelle-t-il, « en tout cas, il faut que l’économie de proximité entre îles voisines prenne le relais de l’économie mondiale toujours d’actualité ici. »
Des fonds européens exigeants puisqu’ils demandent une coparticipation, « de l’Etat, mais aussi du porteur de projet. Or, nous avons du mal à avoir les bons interlocuteurs. Et nous n’arrivons pas à instaurer d’échanges avec Madagascar. »
Fret depuis Nosy be
La compagnie Ewa Air était également représentée par son directeur d’exploitation qui a évoqué le développement de la petite compagnie aux capitaux réunionnais et mahorais. Et annonçait plusieurs grandes avancées : la mise en place de capacité de fret pour Mayotte à partir de Nosy-Be, « destination gérée par aéroport de Paris », nous précise Jean-Denis Larroze, et l’achat probable d’un nouvel avion, un ATR 72. Aucune annonce ferme pour une desserte Dzaoudzi-Tananarive en revanche, même si c’est dans l’air du temps.
Autre avancée régionale, la généralisation à l’ensemble des CMA en règle, de l’accord déjà nouée avec Mayotte et qui permet notamment de transporter 10 kilos de bagages supplémentaires.
Dernière annonce sur l’aérien régional, la connexion en juin entre Ewa et sa société mère Air Austral : « Au départ de Nosy Be, Diego Soares et Majunga, un vol desservira Paris après l’escale mahoraise. » Toujours sous réserve d’une délivrance opérationnelle de visas…
Le local artisanal du port de Longoni construit par MCG, a été évoqué, et une délégation malgache devrait le visiter pour s’en inspirer.
Il n’y a en revanche aucune avancée de mise en place de compagnie maritime régionale.
Les échanges ont été nombreux puisque le colloque s’est clôt à midi. Place aux produits artisanaux maintenant.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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