C’est avant tout pour être en conformité avec la loi qu’est actuellement organisée une formation des assistants familiaux de Mayotte. C’est le début d’un vaste plan de professionnalisation des familles d’accueil sur lequel s’était engagé Issa Issa Abdou, 4ème vice-président, en charge de l’Action sociale et la Santé. La formation de 240 heures sera étalée sur deux ans, « cela nous mènera en 2018 », indique le docteur Philippe Peytour, DGA chargé du Pôle Enfance Famille et prévention.
Deux ans, cela peut paraître long pour des assistants qui ont besoin d’être opérationnels rapidement, au regard du flux de placement d’enfants isolés : « Nous devons jongler avec leurs horaires de travail, et pouvoir toucher les 76 familles d’accueil du territoire. » Mais c’est aussi lié à la stratégie choisie par Issa Issa Abdou : « Nous ne voulons pas nous séparer de ces assistantes qui travaillent pour nous depuis des années, uniquement parce que certains pensent ‘qu’elles ne savent pas faire’. Nous allons donc les former. »
60 doivent suivre un cursus de savoirs de base
Garder l’effectif actuel, une action noble, mais qui implique un chemin de professionnalisation plus long, avec des bases à acquérir avant même de pouvoir prétendre à la formation, donnée en français, comme l’explique au JDM Fatima Mattoir, Conseillère en formation chargée du domaine social au CNFPT : « Beaucoup le parlent très mal. 60 d’entre elles vont donc suivre un premier cursus de 60 heures, comprenant la lutte contre l’illettrisme et un enseignement sur les savoirs de base ». Elles pourront ensuite intégrer la formation de 240h.
La formation est obligatoire, et pourrait même être diplômante pour les plus performante d’entre elles, « il faut pouvoir passer un examen écrit », glisse Philippe Peytour. Et ce jeudi matin, c’était le top départ pour les 15 premières assistantes familiales, un public uniquement féminin, au Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) à l’Espace Coralium.
Les 11 journées de formation sur l’année 2016 (il y en aura 31 en 2017) leur permettront d’avoir des bases législatives sur l’accueil, les connaissances nécessaires sur la nutrition de l’enfant, sa psychologie de développement ou les addictions. Les formateurs sont issus du service de formation du département, « mais il y aura aussi des intervenants de PMI, de l’Aide sociale à l’enfance, ou de la Protection judiciaire de la jeunesse. »
La moitié des médecins veulent partir
Une mise à niveau d’autant plus nécessaire que le nombre d’enfants à prendre en charge ne fait que s’accroitre : « Nous en avons 140 à placer », déclare Philippe Peytour, sans pouvoir évaluer l’incidence des expulsions de parents à la suite des « décasages. »
Problème : alors qu’Issa Issa Abdou se réjouissait en octobre d’avoir recruté le quotta nécessaire de médecins de Protection maternelles infantiles, plusieurs d’entre eux veulent déjà partir : « Nous perdons la moitié de l’effectif », déplore-t-il. Une réunion d’urgence est même prévue dès lundi pour activer les ressorts propres au conseil départemental pour tenter de rester attractif, « comme le logement ou autre », mais pour l’insécurité, ils ne peuvent hélas rien.
D’autre part, l’explosion des naissances à prés de 10.000 prévues pour cette année, a justifié la création de postes supplémentaires en sage-femme, débloqués par le ministère, « mais il faut aussi suivre tous ces enfants en PMI, et les moyens n’y sont pas. »
Face à l’afflux d’enfants à placer, le conseil départemental aurait eu besoin d’assistants familiaux aux normes immédiatement, « il aurait fallu que cette formation soit dispensée bien avant, ne serait ce que sur le plan légal. Nous partons avec un retard énorme », regrette Issa Issa Abdou.
A la fin du mois d’octobre, un bilan des 11 premières journées de formation sera dressé.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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