L’Union départementale des Associations familiales de Mayotte a été créé en novembre 2014. Et a inauguré ses locaux en mai 2015. Son objectif est de défendre les intérêts matériels et moraux des familles de Mayotte. Ce sont déjà une quinzaine d’associations qui en sont membres, et son premier fait d’arme est la mise en place de la médiation familiale, « nous intervenons par exemple en faveur des enfants lorsque le papa ne leur fait pas bénéficier des prestations familiales », explique Ali Nizary, son directeur
« Et nous allons être associé par le conseil département sur la problématique des mineurs isolés », rajoute-t-il.
C’est dans le cadre de sa défense des familles de Mayotte que l’UDAF Mayotte intervient dans un communiqué (Voir Position de l’UDAF sur les décasés) sur la crise des « décasés ».
Sa position est à la fois ferme et consensuelle. Elle condamne dans un premier temps le comportement des associations comoriennes et humanitaires. Dénonçant des « interventions qui ne visent pas à trouver une solution », elle critique leur position qui consiste à « dénigrer, accuser, donner des leçons de société aux mahorais, alors que le problème est beaucoup plus compliqué et complexe que les éléments souvent évoqués. »
« Des interventions qui arrivent de loin »
L’UDAF demande aux associations qui gèrent la situation sur place, de « s’intéresser en priorité à des démarches qui visent à trouver des solutions légitimes à ces personnes au lieu de passer leur temps à réciter à tout vent les différentes lois et conventions qui protègent les individus. Et à force de choisir cette option, elles s’éloignent véritablement des solutions et à l’urgence du moment qui est de trouver une solution de relogement à ces familles. »
Et sous-entend une instrumentalisation en évoquant des « interventions qui arrivent de loin et qui qualifient la société mahoraise de xénophobe », qui « n’apportent rien à la situation ». Pour l’UDAF il est temps que ces associations changent de méthodes et de discours : « Elles doivent faire un effort intellectuel pour tenir compte de la réalité du département. Elles doivent également travailler avec franchise et respect avec l’ensemble des acteurs locaux qui maîtrisent les particularités du département. » Elle demande « d’éviter de faire des promesses aveugles ».
Elle se veut donc force de propositions, avec 5 solutions possibles qui sont à débattre, « et elles concernent bien entendu que les personnes en situation régulière. »
Mahorais, métropolitains et comoriens, invités à ouvrir leurs portes
La 1ère solution vise à faire intervenir les cadis. « Ces derniers peuvent facilement et sagement lancer un appel à la solidarité pour demander à toutes les familles qui connaissent ou pas des personnes expulsées en situation régulière de bien vouloir les accueillir en attendant des solutions durables de l’Etat et des collectivités locales. L’UDAF peut jouer un rôle de médiateur entre les familles accueillant et les celles accueillies. »
La 2ème imagine la création d’un dispositif « Familles d’accueil des expulsés». Elles accueilleraient des familles expulsées moyennant une rémunération pour une période de 6 mois maximum. « Pendant cette période la famille expulsée sera accompagnée par une institution sérieuse, soit pour une réintégration sur le sol mahorais, ou alors pour un départ au Comores. »
Les fonctionnaires métropolitains sont également pour accueillir des familles pour quelques mois. En particulier, pendant la période des vacances scolaires pendant lesquelles des logements restent vacants. « Bien sûr un contrat tripartite sera signé entre le fonctionnaire, la famille et un organisme mandaté par l’État pour l’utilisation et l’entretien de l’habitation.
Travail avec le gouvernement comorien
Mais l’UDAF place aussi ces familles devant leurs responsabilités en les invitant à louer des logements, et en évoquant les aides au logement social.
Enfin, les Comoriens du département, ou les Franco-comoriens sont aussi invités à faire jouer la solidarité communautaire, « afin de pouvoir accueillir leurs compatriotes pendant un temps limité.
Dans tous les cas, l’UDAF estime qu’il y a un travail sérieux à faire avec le gouvernement comorien : « Ce dernier a un rôle majeur à jouer dans cette crise, et notamment en encourageant ces personnes à rentrer au Comores et en leur garantissant bien entendu un accueil digne. Les associations de la place de la république peuvent s’investir sur ce sujet. »
Par ailleurs, l’UDAF condamne avec la plus grande fermeté les émeutes de lundi à Mamoudzou ainsi que l’ensemble des agressions sauvages produites ces derniers temps : « Elle soutient toutes les familles qui ont été victimes de ses agression et celles qui étaient visées. Elle en appelle au calme. »
Un vrai discours politique, qu’on aurait souhaité entendre de la bouche de nos élus, et qui donne des pistes de travail.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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