Jamais Mayotte n’avait dérogé à son rendez-vous avec la course de pneus depuis 33 ans. Jamais ce jeu des rues devenue compétition festive n’avait dû être interrompu. Mais Mayotte est en crise et hier, c’est la grande fête de Mayotte qui a été submergée par la délinquance. Elle a tourné à la bataille de rue entre des dizaines de jeunes encagoulés et des forces de l’ordre et leurs grenades lacrymogènes. Entre les deux, les jeunes coureurs et la foule.
La fête avait pourtant attiré des milliers de personnes entre Cavani et la place de l’ancien marché à Mamoudzou, fidèles au rendez-vous. Mais les choses ce samedi commençaient à traîner en longueur.
Réparti sur l’ensemble du parcours, le public ne se doute que déjà, l’épreuve frôle l’annulation.
Du verre sur le parcours
Si les garçons n’ont pas pu s’élancer vers 14 heures, c’est qu’une partie du parcours est déjà la proie à des tensions. Elle est jonchée de bris de verre et de tessons de bouteille. «Une bande de Mgombani a cassé des bouteilles devant chez Ballou, au début de la rue du commerce. Il a fallu qu’on se rende sur place pour sécuriser l’endroit et nettoyer la chaussée pour permettre à la course de s’élancer», explique Laurent Mounier, organisateur de la course avec sa société Angalia.
C’est donc avec près de 45 minutes de retard que l’organisation décide de démarrer l’épreuve. Les garçons prennent le départ et dans leur foulée immédiate, les filles s’élancent à leur tour. Il s’agit d’enchaîner pour tenter de rattraper le retard sur le planning.
Panique et enfants choqués
Mais l’épreuve ne pas aller plus loin. «A ce moment-là, ça craque», résume Laurent Mounier. Sur le lieu prévu de l’arrivée, place de l’ancien marché, des bandes ont surgi de nulle part, des individus encagoulés qui créent un mouvement de panique. «Des jeunes de 14/15 ans se sont mis à lancer des pierres. Ce qui a été difficile à gérer c’est le mouvement de foule».
Course de pneus annulée. Aujourd’hui, j’ai ressenti la panique.#Mayotte pic.twitter.com/3IRENogTxo
— Abby Said Adinani (@Bee_Mondroha) 4 juin 2016
Car les pierres, parfois très impressionnantes, créent en effet un mouvement de panique… Et les événements s’enchaînent. Les forces de l’ordre ripostent avec des grenades lacrymogènes repoussant les jeunes dans le centre de Mamoudzou, un centre-ville en proie à la terreur.
Sur la place de l’ancien marché, la Croix-Rouge qui assure l’assistance sanitaire de l’événement est débordée par des enfants choqués par les pierres, la panique et les gaz.
Grande tristesse
La décision s’impose d’évidence aux organisateurs comme à la mairie: Il faut interrompre la course. Les équipes des adultes ne prendrons pas le départ… Alors que les échauffourées gagnent Cavani. «Le parcours n’était plus fiable. A tout moment, ça pouvait dégénérer», explique Laurent Mounier.
Un tout premier bilan de la préfecture faisait état d’une dizaine de blessés dont au moins 6 hospitalisés et deux interpellations, en début de soirée hier.
Finalement, deux mots résument bien le sentiment après ces événements qui nous prive, une fois encore, d’une actualité joyeuse et positive, deux mots lâchés par Laurent Mounier en fin de journée: «Grande tristesse».
RR
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