Ceux qu’on appelle par fatalisme « les coupeurs de route », sont en réalité multiples. « Nous avons différents phénomènes », explique Jean Gouvart, commandant de la gendarmerie de Mayotte, qui réagit à chaud après les actions de la nuit.
Les barrages sont un mode opératoire initié par des adultes puis des jeunes, pour toutes sorte de réclamations, repris par les syndicalistes, notamment lors des revendications en 2007. « Mais ils sont aussi érigés dans le but de troubler l’ordre public en parallèle avec l’action des grévistes. »
Il y a aussi de simples branchages, déposés là sans que l’on sache vraiment trop pourquoi, « et enlevés aussitôt par les patrouilles. » Récemment, ils ont été érigés pour retarder l’intervention des forces de l’ordre, « lors d’un vol de coffre-fort dans le centre de l’île. »
Circulation rétablie
Quatrième type de blocages, les “coupeurs de route”, ceux qui émergent en ce moment, mais qui n’étaient connus qu’en zone police à Vahibé depuis quelques mois : « Des véhicules ont été placés au milieu de la chaussée puis enflammés dans la montée de Tsararano. Le Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie est tombé dessus par hasard, provoquant la fuites de ses auteurs. Nous avons attendus des renforts pour sécuriser », détaille le colonel Gouvart.
La DEAL ayant dégagé les carcasses, la circulation a été rétablie vers 9h30, mais aura occasionné de nombreuses perturbations, en particulier des surveillances d’examens à Mamoudzou.
Cette nuit, ils seraient une dizaine vraisemblablement à avoir sévi, cagoulés, mais à confirmer avec des dépôts de plaintes en cours, « une quinzaine enregistrées à la brigade de Mamoudzou », rapporte Jean Gouvart. Des dégradations par caillassages sont dénoncées, ainsi que deux véhicules incendiés : « Trois voitures ont été volées, dont deux retrouvées. »
L’indispensable sécurisation des routes
Difficile d’en dégager une tendance pour l’avenir, mais il devient de plus en plus difficile de circuler, les itinéraires de déviation étant inexistants du fait des trop rares infrastructures routières. Mais ce qui devrait permettre aussi de pouvoir concentrer l’action des forces de l’ordre.
Fatima est agent de stérilisation au CHM de Mamoudzou, et témoigne : « C’était en janvier, vers 17 heures. Je revenais avec mon mari de l’hôpital où je travaille, quand notre voiture a été stoppée au niveau de Vahibé par quatre jeunes. Ils étaient armés de chombos, et ont crié de leur remettre tout l’argent que l’on avait. Ils ont pris mon sac à main où j’avais 500 euros en liquide et mon téléphone portable. »
Elle habite Tsingoni et craint maintenant tous les jours de prendre la route vers Mamoudzou : « Par Vahibé c’est le plus court, mais même si on fait le tour par le nord, rien ne nous dit qu’à Dzoumogné on ne va pas être agressés. Je finis de travailler à 19h et je ne me sens pas en sécurité. Il faut dire à la gendarmerie et à la police de passer en voiture en permanence. »
Une réunion est en cours en préfecture sur le plan sécurité, et il faut espérer qu’une réflexion soit menée sur des pistes d’actions en réponse à cette nouvelle forme de violence.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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