C’est une île économiquement sinistrée que découvre le vice-président du Medef, Thibault Lanxade, en charge des PME-TPE (les Petites et moyennes entreprises et les Très Petites) : « Je constate depuis mon arrivée ce matin, une violence qui bloque l’activité du pays, avec la moitié des entrepreneurs qui se disent prêts à quitter Mayotte. Il faut d’urgence y rétablir un état de droit. »
Pour attirer les investisseurs, il relaie la demande de Thierry Galarme, président du Medef local de mise en place d’une zone franche globale. La ministre des Outre-mer n’a pas donné suite pour l’instant, mais c’est un sujet qui pourrait être porté dans un ouvrage, «France 2025-Outre-mer », que Pierre Gattaz, le président national du Medef lui a demandé de rédiger : « Nous allons donner la parole à tous les territoires pour en souligner les particularités, et les soumettre lors des élections présidentielles. »
Un manque à gagner de 65 millions d’euros pour le gouvernement
Le Medef ne soutient aucun candidat, affirme Thibault Lanxade, « il faut une personnalité qui ait un projet économique et surtout un projet pour les entreprises, en particulier pour les PME et TPE. » Ce sont ces petites structures qui constituent le maillage économique de Mayotte, «qu’il faut accompagner dès maintenant car dans le cadre de la départementalisation, arriveront les 400.000 normes et la complexité administrative d’un code du travail transposé. »
Il écarte un instant les problèmes d’insécurité « et de niveau scolaire pour les enfants », qui incitent au départ, et concentre son propos sur les gains de compétitivité qui doivent encourager les entrepreneurs : « La diminution des charges que procurerait la mise en place d’une Zone franche globale se chiffre à 65 millions d’euros de recettes en moins pour l’Etat. Mais cela pourra créer des embauches. Et ce serait une juste compensation vers un secteur qui doit prendre le relais de croissance pour compenser les diminutions de dotation de l’Etat. » Il souhaite que la mesure soit inscrite au Projet de loi de Finances 2017.
Parrainage de jeunes porteurs de projets
Les entrepreneurs qu’il a rencontrés dans la journée demandent aussi la libération du foncier « pour pouvoir construire et investir », et une administration plus compréhensive, « elle devrait dynamiser le business, plutôt que de le freiner. »
En dehors de noircir les pages d’un livre avec les problématiques mahoraises, le vice-président du Medef compte utiliser ses relais parisiens, « notamment pour inscrire la zone franche globale au PLF 2017, ou en utilisant notre service juridique pour relayer les besoins de l’île en lien avec la Fedom. »
Thibault Lanxade retient deux leviers de croissance supplémentaires pour Mayotte : « Le numérique qui permet de désengorger le territoire en travaillant à distance, et qui pourrait initier un site sur le covoiturage, les embouteillages se créent avec des voitures peu remplies. Ça implique une bonne couverture sur l’ensemble du territoire.»
Autre réflexion à mener : le développement de la dynamique entrepreneuriale que prêchent déjà beaucoup de structures comme la BGE ou la couveuse Oudjerebou, « mais sur un petit territoire au fort taux de chômage, nous devons nous aussi entrepreneurs parrainer des jeunes, susciter l’envie d’entreprendre. Car avec l’assouplissement des conditions d’embauche, le travailleur indépendant le sera de plus en plus. »
Son tour de chauffe l’aura amené à rencontrer les dirigeants de l’hôtel Maharadja, de l’entreprise IBS ou de l’Union maritime pour évoquer l’avenir du port de Longoni. Et justement, il aura terminé la soirée par un échange avec de jeunes entrepreneurs mahorais encore en couveuse.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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