La fête puis le drame dans le stade de Mahamasina à Tananarive. Le spectacle gratuit était l’événement qui achevait les commémorations de la fête nationale célèbrant l’indépendance du pays. «Alors que les gens étaient emportés par l’ambiance, une grenade a explosé et a fait beaucoup de victimes», relate le journal Midi Madagasikara qui parle de chaos avec des services d’urgences débordés.
L’explosion s’est produite peu après 19 heures. Dans un premier temps, le public a cru à la déflagration d’un feu d’artifice ou de pétards mais très vite les mouvements de foule et la vue des victimes n’ont plus laissé place au doute. Il s’agissait d’un attentat.
La panique a alors ajouté un grand nombre de blessés à ceux provoqués par l’explosion elle-même.
La presse malgache précise que la nature de la grenade reste à déterminer (offensive ou défensive) mais elle a atterri tout près de la voiture d’une des vedettes de la soirée, Stéphanie, dont le garde du corps figure parmi les blessés grièvement touchés.
Un hôpital qui peine à faire face
Ce lundi matin, le bilan provisoire s’élevait à 2 morts et au moins 86 blessés, sans parler des nombreuses personnes traumatisées par le déroulement du drame. Selon le grand hôpital de la capitale, plus de la moitié des blessés admis étaient dans un état grave. Au va-et-vient des véhicules qui transportaient les victimes vers le centre hospitalier, s’ajoutait vers 20h30 hier soir celui des voitures qui apportaient des médicaments et des matériels médicaux à l’hôpital décrit comme débordé par la situation.
Le Chef de l’Etat, le Premier ministre et plusieurs membres du gouvernement sont rendus sur place. Le président Hery Rajaonarimampianina a d’ailleurs annoncé officiellement les deux morts lui-même. Après avoir présenté ses condoléances aux familles des victimes et tenté de réconforter les blessés, il a fermement condamné l’attentat.
Il a promis une très grande sévérité contre ceux qui, «pour des raisons politiques, utilisent la violence aveugle en sacrifiant la population dans des actes aussi abjects».
«Nous ne répondrons pas à la violence par la violence, a-t-il ajouté peu après lors d’une allocution depuis le Palais présidentiel d’Iavoloha, «laissant les criminels à la rigueur de la loi».
Deux autres grenades saisies lors des fouilles
Deux heures avant l’explosion, la foule très nombreuse aux abords du stade était hors de contrôle. Alors que la sécurité avait décidé de fermer les accès à l’enceinte déjà pleine, la poussée de ceux qui n’avait pu accéder au stade a fait céder un mur permettant à un grand nombre de personnes de pénétrer dans les lieux. Le terroriste aurait profité de ce mouvement de foule pour s’infiltrer sur le lieu de la fête.
Une enquête a été aussitôt ouverte alors qu’un officier de la gendarmerie a confirmé à la presse que deux autres grenades avaient été saisies à l’entrée du stade durant la fouille d’usage à l’entrée. Deux personnes seraient actuellement entre les mains des enquêteurs dont un individu présenté comme un déséquilibre mental.
Peut-être deux autres explosions
Une rumeur, non encore confirmée, faisait également état d’une autre explosion de grenade dans la matinée de samedi dans la cour du Sénat.
Par ailleurs, dimanche matin, à quelques minutes du début de la parade militaire, un cocktail Molotov a également été lancé à proximité de l’immeuble de l’institut malgache de la statistique (INSTAT), dans le quartier qui abrite l’essentiel des bâtiments du pouvoir, sans faire de victime ni de dégât. Les forces de l’ordre indiquent que trois suspects ont déjà été interpellés et deux autres sont encore activement recherchés. Le périmètre avait pourtant été bouclé dès vendredi.
La crainte des autorités était particulière autour des événements célébrant la fête nationale. Si on évoque tous les ans des tentatives pour semer le chaos lors de ces festivités, cette année un vol important d’armes et de munitions intervenu ces dernières semaines faisait craindre le pire. Ces derniers jours, le niveau de tension était encore monté d’un cran dans la capitale, suite à la diffusion sur internet de la vidéo d’un sénateur de l’opposition, sous le coup d’un mandat d’arrêt depuis un mois, mais toujours introuvable. Les autorités le soupçonnent de vouloir déstabiliser le pouvoir.
RR
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