« C’est très tôt dans la saison, puisqu’on l’attend habituellement en décembre, mais La Niña a fait son apparition », rapporte Bertrand Laviec, Directeur de Météo France Mayotte.
Depuis qu’il est arrivé à Mayotte, il y a un an, il a décidé d’utiliser la technologie qu’il avait sous la main, et dans ses logiciels, pour lancer ses services dans la prévisions.
Et il s’en est jusqu’à présent bien sorti, puisqu’il annonçait en novembre 2015 deux tendances qui nous paraissaient paradoxales pour la saison des pluies : plus chaud avec moins de systèmes. Or la chaleur de l’eau nourrit les cyclones c’est bien connu. Et nous avons eu en effet un été austral aux records de chaleur, et avec peu d’alertes cycloniques sur la zone.
On tend donc un peu plus l’oreille lorsque le météorologue se lance dans les prévisions pour les mois de juillet, août et septembre : « Il fera plus frais et plus sec en raison de la présence de la Niña. » Une appellation féminine pour faire baisser la température, voilà qui est curieux ! Il faut dire qu’El Niño existait déjà, et comme marqueur de chaleur.
« 16,3 degrés à Dembéni en 1957 »
Lors d’une saison El Niño, les vents dominants s’inversent, provoquant une élévation de température de l’océan Pacifique, qui dégage de la chaleur dans l’atmosphère, et fait grimper les températures.
Avec La Niña, qui absorbe la chaleur de l’atmosphère on a le phénomène inverse : « Nous avons eu l’année dernière un des plus gros El Niño de l’histoire, avec des pluies très fortes sur Mayotte. Comme les températures des années précédentes ont été elles-aussi supérieures à la normale, on peut dire sans trop se tromper, qu’en voyant arriver La Niña, le prochain trimestre sera comparativement plus frais », avance Bertrand Laviec.
Sortez vos thermomètres, mais attention, les records à battre sont très bas ! « En juin 1957, 16,3 degrés ont été enregistrés à Pamandzi… »
Une saison sèche très sèche
La variable d’ajustement, c’est le réchauffement climatique qui va la donner, selon lui : « Il peut compenser l’effet de La Niña, mais nous ne savons pas encore dans quelle proportion. »
Quant à la pluie, elle sera moins présente ces prochains mois, presque une lapalissade en saison sèche… quoique : « on note un grand déficit en pluviométrie depuis le 1er mai. D’habitude il pleut beaucoup plus », et de décliner des chiffres éloquents : « Nous sommes à 43% de la normale des ces 30 dernières années à Pamandzi avec 25mm et même 14% à Mamoudzou où il n’a plu pour l’instant que 10mm d’eau. » Une saison sèche très sèche donc, seule Combani essaie d’assurer avec 67% de pluviométrie.
Une saison qu’affectionne particulièrement Bertrand Laviec, l’un des rares hommes coincés sur l’île les 6 mois que dure la saison cyclonique. Il peut enfin partir en vacances et aller voir ailleurs si les cieux sont plus bleus et moins ventés…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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