Les premiers enseignants de chinois donneront leurs tous premiers cours de mandarin à Mayotte à la rentrée. Trois contractuels ont été recrutés par le vice-rectorat pour mettre en place cet enseignement nouveau. De même, l’italien va faire son apparition parmi les langues enseignées, aux côtés de l’arabe et du portugais. Plusieurs classes sont concernées, en particulier au collège K2 (Kawéni) par ce qui se présente comme le prélude aux enseignements qui seront proposés par le futur lycée de Mamoudzou nord, en construction à Kawéni, dont la spécialité sera justement les langues étrangères.
Ces enseignements nouveaux vont s’inscrire dans des démarches qui sont également innovantes pour l’éducation nationale. «Grâce aux EPI, les ‘enseignements pratiques interdisciplinaires’, nous allons permettre à la fois des productions et des réalisations interdisciplinaires tout en travaillant sur plusieurs langues», explique au JDM Nathalie Costantini, la vice-recteur.
Concrètement, les élèves concernés par la démarche se verront proposer l’enseignement de plusieurs langues simultanément. «Contrairement à la métropole où une langue étrangère est enseignée dès le 1er degré, à Mayotte, les élèves commencent une LV1 en 6e et enchaînent tout de suite avec une LV2 en 5e», relève Nathalie Costantini. Le nouveau dispositif permettrait ainsi de transformer une lacune en atout pour tenter autre chose.
Ne plus apprend une langue mais «les langues»
Les heures d’enseignement des langues vivantes seront divisées en trois. La moitié sera consacrée à une «langue majeure», comme l’anglais par exemple, puis les deux autres quarts à une autre langue qui pourra donc être l’italien et l’arabe. «On va travailler sur la polyvalence des langues, dans l’expression écrite et orale. On va chercher les similitudes et les différences, on va entraîner l’oreille à comprendre la structure d’une langue. Un texte travaillé en anglais par exemple pourra être travaillé dans une autre langue», précise Nathalie Costantini.
Conséquence, dans le langage du vice-rectorat, on n’enseigne plus l’anglais, on enseigne «les langues». «On entre dans le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL)», souligne la vice-recteur. On passe d’une logique de maîtrise d’une ou plusieurs langues à une logique d’interaction entre différentes langues, quel que soit leur niveau de maîtrise. Ce CECRL est considéré comme un véritable outil de promotion du plurilinguisme. Il est issu du travail de nombreux chercheurs portés par le Conseil de l’Europe.
Du shimaoré au 1er degré
Plus que jamais, le vice-rectorat poursuit son travail pour un réel plurilinguisme maîtrisé par les élèves mahorais. Car, in fine, tout ce travail rejaillira sur le français, dont l’acquisition par nos jeunes reste un enjeu majeur. A la rentrée, le vice-rectorat reconduit d’ailleurs son initiative de bilinguisme mahorais-français dans certaines classes du 1er degré. Neuf étaient concernées cette année, elles seront 11 à la rentrée prochaine. L’idée est de s’appuyer sur le shimaoré pour basculer peu à peu vers le français.
L’université de La Réunion, qui a été précurseur sur ce travail d’éveil aux langues (la «didactique du plurilinguisme») enverra d’ailleurs des universitaires pour accompagner scientifiquement le travail des enseignants à Mayotte. «On ne sait pas encore si ça va donner des succès mais à La Réunion, ils ont déjà prouvé que ça marche».
«On veut que nos élèves développent des compétences et s’appuient sur ces compétences pour avancer… même si la compétence en français est la dernière acquise», conclut la vice-recteur. L’essentiel est effectivement qu’elle le soit.
RR
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