Pour ses nombreux fans, aucun doute, il est bien le «premier». Rekman Seller, c’est le p’tit gars que tout le monde veut avoir en concert. Il vient d’enchaîner un nombre incroyable de scènes mahoraises, avec la certitude que partout, le «Waho lover» va être repris par son public. «Partout où je vais, j’entends des gens qui crient ‘Rekman’! Surtout dans le sud, je suis très connu. J’ai même un fanclub!»
Son cheminement musical a commencé dans son village natal de Moinatrindri, par une histoire de frangins qui baignent dans la musique. Que ce soit aux platines en tant que DJ ou micro en main pour faire de petits raps, Rekman est progressivement arrivé vers ce qu’il qualifie d’«afrobeat» ou de «RnB mahorais»… «à ma façon!»
«Passer du rap au chant, c’est assez difficile. Le rap, t’écris, t’as le flow et c’est tout. Mais le chant, c’est une technique vocale, c’est autre chose et c’est du boulot», reconnaît celui qui n’a jamais pris de cours de chant.
Après quelques mois dans un groupe de RnB, les «Dream Seller» (vendeurs de rêve), le voici «Rekman», «premier» en kibushi, un nom de scène bien choisi.
Des concerts tous les soirs
Depuis qu’il est rentré de métropole, sa vie a en effet pris un tour inattendu. Elle est loin la fac d’éco-gestion. Place aux concerts, quasiment tous les soirs. «Je suis un des artistes les plus jeunes de Mayotte. Du coup, je suis appelé partout», dit-il humblement.
Et cette notoriété, il la doit aussi beaucoup à internet. Sur YouTube, son titre «Waho Lover» connaît une carrière exceptionnelle. En un an, il s’approche des 300.000 vues, un succès qui entraîne ses autres chansons. «C’est surtout les filles qui me suivent… mais je ne fais pas que des chansons d’amour. Et les gars, ils n’ont pas le choix. Ils sont obligés de suivre!»
Si les filles fondent sur ses titres, pas question pour le jeune homme de 20 ans de parler de sa vie privée. «Bien sûr, le fait que je sois connu, je suis souvent entouré de filles mais j’évite de me mettre en couple. Je suis très défaitiste en amour… Ca marche jamais», confie celui qui n’envisage pas du tout de se marier. «Je n’ai pas l’âge… et je n’ai jamais présenté une fille à ma mère!»
La musique, peu à peu
Etonnamment, Rekman garde une certaine distance face à ce tourbillon et à sa célébrité. «C’est pas facile la vie d’artiste. Les gens qui ont grandi avec toi, ils ne comprennent pas que tu ne sois pas aussi disponible qu’avant. Ils disent que t’as pris la grosse tête, ils te reprochent ne plus avoir de temps pour eux. Ca parle beaucoup… Alors que je fais de mon mieux. Je n’ai juste pas le temps!»
Loin d’être grisé, il vient de partir pour un mois à La Réunion avec ses sœurs, avant de prendre la direction de Caen, en Normandie, pour une fac de langue. «Je veux finir mes études avant de me lancer vraiment dans la musique. J’écris, je compose et je commence à avoir beaucoup de choses»… de quoi envisager un album, mais là encore il se donne le temps. Il veut multiplier les collaborations pour être en mesure de sortir un album qui lui ressemble tout en accueillant des duos. En attendant, il promet un premier clip tourné à Mayotte pour bientôt.
Mettre en valeur sa langue maternelle
Avec Gilles Martin, son manager, il pose donc des jalons pour une future carrière… à commencer par intégrer la SACEM, la société des auteurs et compositeurs qui gère les droits musicaux. Car s’il n’a sorti que des singles, ses titres sont déjà très bien diffusés en radio.
«Pour l’instant, je chante uniquement en Shimaoré, je trouve que c’est beau de chanter avec ma langue maternelle. Je sais qu’en métro, je vais aussi faire des concerts et ça va mettre en valeur ma langue et ma culture. Et si moi je ne chante pas en Shimaoré, qui va le faire ?»
Rémi Rozié
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