Nous avons souvent la mémoire courte à Mayotte. Aujourd’hui, si on entend encore des récriminations à l’encontre du fonctionnement de la caisse de sécurité sociale (CSSM), on a du mal à se rappeler qu’il y a 4 ans, elle était au bord du gouffre. Minée par des conflits très durs, un service médiocre et une image épouvantable, la CSSM était en danger. «Quand je suis arrivé, la caisse ne fonctionnait plus à tel point que son avenir était en jeu», rappelle Jean Véron, qui a pris ses fonctions de directeur de la CSSM en octobre 2012. «La priorité était de repartir sur de bonnes bases, de retrouver une dynamique positive».
Quasiment quatre ans après, Jean Véron a quitté Mayotte et Ymane Alihamidi-Chanfi, la directrice-adjointe, assure l’intérim d’une CSSM totalement métamorphosée. Le premier chantier auquel s’est donc attelé Jean Véron n’a pas été immédiatement visible par les Mahorais. «En interne, il a d’abord fallu retrouver la confiance, revoir les modes de fonctionnement et s’appuyer sur les ressources internes motivées. La CSSM a cette chance de disposer d’équipes positives, appliquées et compétentes», assure-t-il.
Ces compliments pour les équipes, il les renouvellera d’ailleurs en parlant de l’intégration de la CAF à la CSSM opérée récemment. «La complexité des dossiers à Mayotte ne doit pas faire oublier les côtés positifs, et la gentillesse et l’implication des Mahorais en font partie».
30.000 cartes vitales à Mayotte
Les équipes ont ainsi été remobilisées alors que la caisse devait faire face à de nombreux défis. Le premier fut évidemment le déploiement de la carte vitale à Mayotte. «Nous avons aujourd’hui plus de 30.000 cartes vitales en circulation à Mayotte. Nous ne sommes pas complètement entrés dans un rythme de croisière. Nous avons encore de nombreuses personnes à toucher».
Lancée en décembre 2013 dans notre département, la généralisation de la carte vitale s’est faite à un rythme industriel. L’objectif initial de 80.000 ca1rtes en circulation est encore loin d’être atteint mais Mayotte devrait mettre deux fois moins de temps que la métropole pour toucher l’essentiel de la population, d’autant que les jeunes la reçoivent automatiquement à leurs 16 ans.
Là encore, nous avons rapidement oublié qu’avant la carte vitale, les attestations de la CSSM devaient être renouvelées tous les six mois. Depuis, nous bénéficions du tiers payant et de la possibilité de nous faire soigner partout en France.
La CSSM estime encore à 2 ou 3 ans, le délai nécessaire pour achever le déploiement de la carte.
Téléphone, internet et proximité
«Pendant ces années, le plus important a été le travail sur la relation avec les usagers», insiste Jean Véron. «L’accueil physique fonctionnait très mal, la plateforme téléphonique n’était pas satisfaisante… Nous avons mis en place les dispositifs pour que les usagers soient reçus dans de bonnes conditions».
Tout a donc été revu de fond en comble pour les 800 personnes qui se rendaient chaque jour à la sécu. Avec le développement de l’accueil téléphonique puis d’internet, le rapport des Mahorais à la sécu à changé… Et ce n’est qu’un début. D’un côté, les accueils «déconcentrés» vont continuer à se développer. Après Petite Terre et Hamjago, une permanence de la sécu à Sada a été inaugurée il y a moins d’un mois. Une 4e pourrait voir le jour prochainement.
Le chantier du nouveau siège
A Mamoudzou aussi, pour les usagers et le personnel, tout va encore évoluer. Alors que les bureaux de la sécu étaient dispersés sur 7 sites différents, le lancement du gigantesque chantier du centre d’affaires de Kawéni qui va abriter ses bureaux, annonce un changement d’époque.
«Nous allons ainsi poursuivre dans des conditions bien meilleures le travail pour l’accès aux droits, pour que les Mahorais bénéficient réellement de tout ce à quoi ils ont droit.»
Finalement, alors qu’il a déjà pris l’avion vers ses nouvelles fonctions au sein de la sécurité sociale à Marseille, Jean Véron espère avoir profondément changé l’image que les Mahorais se font de leur sécu… y compris de façon concrète, avec un nouveau logo. «L’ancien logo portait une image négative, d’institution paralysée et peu efficace. Nous avons changé d’époque, il fallait passer à autre chose aussi en matière d’image», conclut Jean Véron.
Même si beaucoup reste à faire, l’ancien directeur estime avoir posé des jalon essentiels pour l’avenir : «La satisfaction du devoir accompli, je la vois dans le regard des collaborateurs qui sont fiers d’apporter leur implication dans l’institution».
Le successeur de Jean Véron sera connu dans les semaines qui viennent.
RR
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