Le 30 août dernier, le JDM vous faisait part de la macabre découverte faite dans une zone boisée de Bouyouni par les pompiers, lors d’une intervention sur ce que l’on croyait être un accident: le corps sans vie d’un petit garçon de 4 ans, tandis que son petit frère, âgé de 2 ans et demi, était blessé à côté de lui.
Aucun médecin légiste n’étant présent actuellement dans le département, il a fallu attendre la venue d’un spécialiste de métropole pour qu’une autopsie soit menée et confirme les doutes des enquêteurs: l’enfant décédé a été assassiné.
«L’enfant de 4 ans présente une fracture importante à l’arrière de crâne faite par un objet contondant mais non tranchant. Le crâne a en effet été fracassé sans blessure extérieure. On ne trouve par de coupures par exemple», explique au JDM Joël Garrigue, le procureur de la République. «Le corps de l’enfant présente également des traces à la mâchoire inférieure permettant de dire qu’une action a été exercée par une main plaquée sur la bouche».
Aucune autre trace n’a été découverte sur le corps. Il ne s’agit donc pas d’un crime sexuel.
Le silence du petit frère
De nombreux prélèvements ont été réalisés sur le corps. Ils sont encore en cours d’analyse en métropole. Peut-être révèleront-ils des informations sur l’identité de la personne responsable de ce crime. Car la seule personne qui pourrait apporter des informations sur le déroulement des faits reste absolument silencieuse.
Le petit frère du garçon décédé a été hospitalisé et ses blessures se sont révélées bien moins graves que ne le suggéraient les premières constatations. Mais impossible d’obtenir la moindre information de sa part. «Il est muré dans un silence total. Il se ferme complètement face à une personne qu’il ne connaît pas», indique le procureur Joël Garrigue.
Les enquêteurs ont pourtant tout essayé, dépêchant des gendarmes en tenue ou en civil, des personnes parlant mahorais, des hommes, des femmes… Ils ont même posé une caméra pour que seuls les proches présents dans la pièce posent des questions. Rien à faire, le petit est radicalement silencieux lorsqu’on aborde ces terribles événements.
Alors que sa mère l’avait confié à une connaissance, le temps de faire des courses, le petit ne livre rien sur ce qui s’est passé pendant qu’il échappait en même temps que son frère à toute surveillance. Pas un mot qui viendrait orienter le travail des enquêteurs.
L’ADN va-t-il parler ?
Plus de 15 jours après la terrible découverte, le mystère entourant cet assassinat reste encore entier mais la mort de l’enfant a entraîné de nombreuses suspicions. Alors que les parents des victimes sont séparés, certains se sont demandés si le père ne pourrait pas être impliqué. Selon les premiers éléments de l’enquête, il semblerait qu’il ait un alibi solide qui le mettrait hors de cause.
Les enquêteurs espèrent que les résultats des analyses de l’ADN des prélèvements éclairciront la situation. Leur arrivée est attendue avec impatience et s’il s’avère que des traces génétiques suspectes apparaissent en lien avec l’ADN des petites victimes, la piste familiale deviendra la voie privilégiée par les enquêteurs. A l’inverse, ces éléments pourraient orienter les investigations à l’extérieur de la famille.
Les nombreuses questions
Avec ces données en main, les enquêteurs auront à écrire l’effrayant scénario qui a conduit à ce crime hors norme. «Nous imaginons tout, toutes les hypothèses, même les plus sordides mais nous ne pouvons pas aller au-delà à ce stade des investigations», précise le procureur Garrigue.
S’agit-il d’une vengeance familiale ou d’un règlement de compte? A-t-on affaire à une agression sexuelle qui aurait été interrompue par un élément extérieur? Lequel des deux enfants a été la première victime? Le petit garçon blessé a-t-il été laissé pour mort par son agresseur? «Je n’ai malheureusement pas de réponse face aux très nombreuses questions posées dans cette enquête», indique le procureur.
Une information judiciaire contre X va être ouverte pour meurtre et tentative de meurtre. Il s’agit du 5e assassinat commis cette année à Mayotte contre 3 pour toute l’année dernière et aucun les années précédentes. Mais ce crime-là se présente sans nul doute, comme un drame très à part.
RR
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