On ne parle généralement des étudiants en BTS qu’au moment des résultats. En juin dernier, le lycée Bamana disait d’ailleurs toute sa satisfaction face à des taux de réussite comparable aux mêmes formations à La Réunion ou en métropole. Ainsi, pour le BTS «assistant manager», dont les copies étaient corrigées à La Réunion, le taux de réussite est monté de 3 points d’une année sur l’autre, à 66%. Même satisfaction pour la filière «assistant de gestion» où pour les résultats de la 1ère promo du BTS SIO (service informatique aux organisations) qui affichait un taux de réussite de 69%.
Il existe pourtant un autre moment très important pour ces étudiants qui mérite d’être mis en avant : ce sont les deux jours qu’ils viennent de vivre, deux journées consacrées à «l’intégration» des petits nouveaux. «C’est un moment particulier où se nouent des liens, des journées qui changent beaucoup de choses dans la suite de leur scolarité», explique Yacouba Sow, directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques au lycée Bamana.
Un tutorat qui a fait ses preuves
A chaque rentrée scolaire, ces journées permettent d’abord aux élèves de 1ère année de créer des liens avec les autres étudiants de la section. «Nous organisons un sorte de ‘speed dating’ pendant lequel les nouveaux discutent pendant 2 minutes avec des 2es années. A l’issue de cette session, ils désignent ainsi celui ou celle qui sera leur tuteur pendant toute l’année. Cette formule de tutorat est très importante. Nos élèves s’épaulent, se donnent les bons tuyaux (parfois même les résultats de certains devoirs !) et ils apprennent à se prendre en charge».
Rendre les élèves autonomes est en effet un des objectifs de la démarche. Ces journées d’intégration sont d’ailleurs organisées sous la responsabilité des «anciens». Elles ont également pour objectif de faire connaître l’équipe qui va les encadrer durant l’année.
«Les élèves ont rencontré des professionnels venus pour leur présenter leur métier. Ce qui est intéressant, c’est que ces professionnels sont nos anciens étudiants. Ils connaissent bien l’établissement et ils vont prendre ensuite des élèves en stage. Du coup, l’échange se noue naturellement. Nos étudiants n’hésitent pas à poser des questions sur leur parcours, les difficultés qu’ils ont rencontrées, les éléments de leur réussite… C’est vraiment le début du processus de construction d’un projet professionnel», détaille Yacouba Sow.
Conférence et cohésion
Les étudiants ont aussi assisté à des conférences-débats (avec Gérard Yeselnic de la Dieccte sur la «répression des fraudes à Mayotte», avec Guillaume Jaouen sur «la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences à Mayotte» et Ousmane Bah du lycée Bamana sur la «politique de crédit des banques»). Ils se sont enfin retrouvés à Sakouli pour partager des moments de canoë-kayak et de paddle, une véritable session de «team building» comme on peut en trouver dans les entreprises pour créer de la cohésion et une notion de groupe.
«Ils se parlaient à peine depuis le début de l’année. A présent, on est sûrs qu’ils se connaissent et qu’ils sont prêts à partager des choses et à avancer ensemble», se réjouit Yacouba Sow.
140 élèves sont inscrits dans les 3 BTS du lycée Bamana, l’établissement accueillant près de 2.700 élèves au total. Ils sont encadrés par une vingtaine de professeurs pendant leur cycle de formation de deux ans. Parmi eux, on compte aussi une petite vingtaine d’étudiants de la CPES, la classe préparatoire aux études en santé.
Prépa Santé: importante mais délaissée
«C’est la 2e année que cette formation existe sous cette forme. On peine encore à faire venir des jeunes», constate Yacouba Sow. Les bacheliers préfèrent en effet s’orienter vers des filières plus courtes. Et pourtant, nombreux seraient ceux qui auraient toutes les cartes en main pour se destiner à devenir médecin, pharmacien ou dentiste… à condition d’oser se lancer dans ces études longues et exigeantes. «C’est une formation très importante. On a besoin que de jeunes Mahorais se forment pour, un jour, remplacer les professionnels qui viennent de métropole». Après l’échec de la première tentative, espérons que cette CPES 2e version aura du temps pour s’installer dans la durée.
Après ces deux journées, les étudiants reprendront le cours normal de leur année dès lundi. Ils suivent déjà leur formation depuis le 25 août.
RR
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