« C’est une bonne nouvelle pour Mayotte qui découle du mémorandum remis par notre délégation d’élus à Manuel Valls en avril dernier. C’est le fruit d’une action collective et qui doit le demeurer », explique au JDM le président de l’Association des maires de Mayotte, le fraîchement décoré Saïd Omar Oili, « ça va soulager notre gestion des écoles. » Les maires doivent en effet jongler avec des écoles, vétustes, et souvent non rétrocédées parce que jugées non conformes par la commission de sécurité. Des établissements en nombre insuffisant pour absorber la pression démographique, sujet sur lequel nous avions interpellé la ministre lors de la conférence de presse de sa fin de séjour.
L’enveloppe de 10 millions d’euros supplémentaires annoncée par Ericka Bareigts va donc doubler la capacité de construction. Mais l’élu nuance aussitôt : « C’est encore insuffisant. Nous avons monté un dossier avec les besoins des communes qui a fait l’objet d’une programmation pluriannuelle jusqu’en 2020. Il en découle un investissement global de 200 millions d’euros. » Un besoin de 40 à 50 millions d’euros par an donc.
La commune de Dzaoudzi Labattoir a déboursé plus de 10.000 euros pour produire cette étude, et son maire entend bien s’y retrouver en obtenant le bon compte, « on ne peut pas s’abriter derrière un déficit de projet dans ce cas », glisse-t-il.
Des communes plus exposées que d’autres
En matière de répartition, c’est désormais l’Etat qui supervise l’emploi de ses deniers après les déboires du SMIAM. « Les besoins estimés par les maires sont analysés par le vice-rectorat et la DEAL, nous ne faisons que signer la répartition par commune », rapporte Saïd Omar Oili. Il regrette que les maires ne soient pas consultés en amont : « Les services de l’Etat pourraient se déplacer dans les communes pour étudier la faisabilité de certaines opérations. Cela éviterait les blocages liés au foncier. » Il appelle à un diagnostic partagé.
D’autre part, le Plan pluriannuel doit être évolutif selon lui : « Les effectifs de certaines communes sont en augmentation constante, comme Koungou ou Mamoudzou, d’autres sont en régression, notamment en lien avec le délogement de certaines populations. »
Une goutte d’eau à 10 millions d’euros
Il revient sur une incompréhension qui est née lors de la rencontre d’Ericka Bareigts avec les maires, « 50 millions d’euros avaient été annoncés », là où il s’agit en réalité de l’enveloppe habituelle des constructions du second degré. « Il faut savoir ce que l’on veut pour Mayotte », conclut-il, « soit on augmente graduellement, soit on met les moyens nécessaires. »
La réaction du SNUipp était attendue, puisqu’avec l’indexation, c’est le combat historique de ce syndicat du premier degré. Son secrétaire départemental Rivomalala Rakotondravelo avait réservé un comité d’accueil à la ministre Ericka Bareigts, avant d’être reçu par ses conseillers. Rivo avait aussi interpellé il y a 4 ans le candidat au présidentielle François Hollande de passage à Mayotte, qui avait pris l’engagement, de campagne, de faire sortir 100 salles de classe par année de quinquennat.
« On en est bien loin ! Surtout pour rattraper le manque d’ici la fin de sa mandature », répond au JDM Port Saïd Ansiffoudine, secrétaire départemental adjoint du SNUipp en l’absence de Rivo : « Nous avons estimés les besoins à 600 salles de classe, notamment en rénovation, et pour garantit l’hygiène et la sécurité. Ces 10 millions d’euros sont donc une goutte d’eau là où il faudrait un Plan Marshall. »
Une avancée saluée, mais trop maigre pour que ces acteurs s’en félicitent.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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