La première session s’est déroulée il y a 2 ans, et la deuxième est en cours. « J’ai sélectionné 15 de nos éléments les plus aptes à développer de l’animation, 5 d’entre eux avaient déjà suivi la première », nous explique Rafioun Houmadi Charif, Assistant en charge des 75 agents de médiation détachés chez Matis, depuis le parvis du collège de Koungou.
Comme il y a deux ans, l’objectif est de cibler les primo-arrivants au collège, les 6ème donc, un investissement sur l’image qu’ils renvoient aux autres élèves, et qu’ils porteront jusqu’en Terminale, espère Rafioun Houmadi.
En cette fin de semaine de formation, les médiateurs passent donc à la pratique, et à la mise en situation devant les élèves du collège qui montent dans le bus devant le collège. Maoulida Enrafati apprécie cette formation : « Au départ, j’avais du mal à m’exprimer devant les jeunes. Mais on nous apprend à avoir les gestes qu’il faut. En montant, je me présente, puis j’explique aux enfants ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. » Et ce n’est pas toujours facile : « Il y a des enfants qui captent, d’autres font semblant. J’arrive généralement à avoir le dessus. »
Moins d’infrastructures mais plus de sourires
Ils écoutent leur animateur expliquer les bons comportements à adopter dans le bus, les risques encourus sur le trajet, le tout doit permettre de diminuer le taux d’incivilité des élèves envers les conducteurs, médiateurs et contrôleurs.
Lydia, qui termine elle aussi son stage, et a même redécouvert son bus, « je ne savais pas qu’il y avait 9 sièges dangereux », et garde son chronomètre pour l’exercice d’évacuation, « nous avons 8 secondes pour les préparer, et 22 pour les évacuer. »
Cette formation s’inscrit dans le cadre de l’action Animation, Prévention, Sécurité, Citoyenneté dans les transports, (APSCT), dispensée par le centre de formation réunionnais GET 974, et les deux formatrices, Laetitia Hoareau et Vanessa Vaity, ne tarissent pas d’éloges sur leurs stagiaires, mais aussi sur Mayotte : « C’est la première fois que nous venons à Mayotte, et ce n’est pas du tout la sombre réalité dépeinte à La Réunion. Certes, là-bas, nous avons toutes les infrastructures et la logistique, par rapport à vous, mais nous avons découvert des stagiaires motivés, heureux d’être là, toujours souriants, et qui aiment leur métier. »
« Les deuxièmes parents »
Des test d’évaluation sanctionnent cette semaine de formation, mais à priori, il ne devrait pas y avoir de mauvaises surprises.
Lydia est enthousiaste, « il y avait un super esprit d’équipe entre nous 15 », et se dit prête à recommencer, « si j’avais une demande à faire, c’est que le conseil départemental nous propose davantage de formations. Nous sommes un peu les deuxièmes parents de ces enfants en leur expliquant les règles de politesse. » La revendication pointe sous les polos oranges, « je suis un contractuel du conseil départemental et mis à disposition de Matis depuis 3 ans maintenant, sans être titularisé », nous explique un de ses collègues.
Pendant ce temps, les élèves de 6ème du collège de Koungou, tous petits dans leurs grands sièges de bus, auront appris quels sont les angles morts pour le chauffeur, et sont dans les starting-blocks, pour, dès le coup de klaxon courir en silence dans une évacuation en règle.
À l’issue de cette formation, les agents de médiation seront également aptes à intervenir dans les collèges pour animer des ateliers éducatifs visant à instruire les élèves sur les éléments de sécurité et de citoyenneté qui assureront un meilleur transport.
Les animateurs vont profiter des vacances scolaires pour potasser leur discours de rentrée dans les bus. Et les améliorations sont rapides, « dès les jours suivants la formation, les remontées d’élèves plus disciplinés nous remontent du terrain », se réjouit Rafioun Houmadi Charif.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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