Après appel à projet conjoint Agence régionale de Santé et Conseil départemental, pour mettre en place ce service destiné à accompagner 57 personnes dépendantes (personnes âgées ou handicapées), le choix du jury s’est porté pour 65 points vers l’association Fikira Djema, contre 64,5 points pour la Croix rouge. L’investissement est de 1.535.724 euros dont 500.000 versés directement par l’ARS.
Comme nous l’avions expliqué, l’ARS conteste ce choix en émettant trois réserves que nous avait données Juliette Corré, sa directrice à Mayotte : Fikira Djema ne répond pas au cahier des charges, n’a aucune expérience dans le médico-social, et budgète un déficit de 400.000 euros la première année.
Issa Issa Abdou, qui a co-lancé l’appel d’offre en sa qualité de vice-président, est attaqué à demi-mot, l’association siégeant dans son canton. Il se défend sur les arguments de l’ARS en expliquant au JDM, comme il le refait dans un droit de réponse envoyé ce jeudi au journal LNDM qui l’a mis en cause (droit-de-reponse-dissa-abdou-spasad-ndm-1), en indiquant que Fikira Djema complète son manque de compétence dans le médical en s’alliant à une association de métropole, Age & Vie, « gestionnaire du SSIAD en France métropolitaine et la future directrice du SPASAD Mayotte qui a exercé jusqu’au mois de mars 2016 en tant que directrice d’un SPASAD à Rouen ».
De l’environnement aux personnes âgées…
D’ailleurs, la Croix rouge elle-même s’attache les conseils d’une association spécialisée dans l’accompagnement, « une association au bord de la faillite », accusait à son tour Issa Issa Abdou.
Il maintient que la démarche du jury a été honnête et juste : « Deux mois après l’ouverture des plis, le CD et l’ARS, ont convoqué, le 8 juin 2016, les membres de la commission d’appel à projet pour sélectionner le dossier répondant au mieux au cahier de charges. » Une commission composée de l’ARS, du CD, du FMAPAR, de l’ADAPEI, de l’APEAHDM, de l’UDAF.
Les choses en seraient restées là, mais la conseillère départementale Armanie Abdoul Wassion, envoie aujourd’hui un texte accusateur envers l’élu de sa majorité (communiquee-de-presse-armanie-abdoul-wassion). Elle accuse l’association Fikira Djema d’avoir modifié son objet initial deux mois avant l’appel à projet du 23 décembre 2015, qui était de « protéger l’environnement dans la commune de Bandrélé, promouvoir les activités culturelles mahoraises », en y rajoutant « lutter contre toute exclusion sociale, accompagner toute personne en difficulté, etc. »
Enquête interne
Un changement qui interpelle aussi Issa Abdou que nous avons interrogé à la suite de ces accusations : « Je découvre cette modification de l’objet, et je m’interroge », répond-il.
Nous avons contacté l’association Fikira Djema dont la vice-présidente confirme le changement d’objet en octobre 2015, « sur proposition de notre partenaire Age & Vie, pour valider les stages de nos membres.”
Armanie Abdoul Wassion appuie son accusation, dont il est difficile d’appréhender la gravité sans avoir étudié de prés le code des marchés publics, en demandant une enquête interne, « et que le parquet du procureur de la République soit saisit pour faire toute la lumière sur cette affaire et poursuivre toute éventuelle entorse ou tentative d’entorse à l’intérêt général. » Pire, elle demande en attendant qu’Issa Issa Abdou « soit suspendu des différentes commissions qu’il préside. »
On ne sait jusqu’où monteront les tensions entre élus du conseil départemental, mais une intervention du président serait souhaitable.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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