Dans de nombreux pays, c’est une bouteille de champagne lancée contre la coque qui signe le baptême officiel d’un navire. Ce mardi matin, à Mayotte, la tradition a été adaptée avec une coco qui a inauguré officiellement le nouvel amphidrome. Il porte le nom de la mosquée de Petite Terre, haut lieu d’Histoire et de traditions.
Avec 4,7 millions de passagers, 350.000 deux-roues et 49.000 véhicules transportés en 2015, la liaison entre la Petite et la Grande Terre reste, de loin, le premier axe maritime intérieur à l’échelle nationale. L’arrivée de ce nouvel amphidrome vient dont «renforcer la flotte du Service des Transports Maritimes (STM)», à la fois «pour un plus grand confort» des passagers mais aussi pour «fluidifier la circulation» aux heures de pointe et lors de l’arrivée et des départs des avions, comme l’a indiqué le président Soibahadine Ibrahim Ramadani lors de son discours.
Le «Karihani», jumeau du «Polé», en avril prochain
D’un point de vue technique, le «Polé» mesure 67,1 mètres de long sur 13 mètres de large. Il est poussé par 4 moteurs de 331kw, ce qui lui permet de naviguer à une vitesse de 9 nœuds, soit près de 17 km/h… «pour une consommation de seulement 40 litres par heure».
«Ce beau et flamboyant nouveau navire» dispose d’une capacité de 590 passagers, soit le double de Georges Nahouda. Il peut également assurer la traversée de 33 véhicules, de quoi améliorer «sensiblement» la gestion des flux entre Mamoudzou et Dzaoudzi, selon Soibahadine Ibrahim Ramadani.
Il faut dire que l’enjeu en matière de transport est et sera toujours plus important. «Le STM fait face à une augmentation sensible du trafic», note le président, avec une croissance de 4% du nombre de passagers et de 8% des véhicules utilitaires transportés entre 2014 et 2015.
D’où la commande de cet amphidrome qui devrait être rejoint en avril prochain par son jumeau, qui sera baptisé «Karihani», les deux navires étant destinés aux piétons, aux deux-roues et aux véhicules légers, les camions continuant à utiliser les anciens amphidromes.
Pour une «concertation renforcée» entre le département et l’Etat
Ces deux acquisitions représentent «une somme totale de 18,4 millions d’euros, dont 6 millions à la charge du département et le reste au titre des fonds européens», a rappelé le président Ramadani qui a fait un bilan financier du STM.
Le département y injecte actuellement 11 millions d’euros chaque année pour seulement 3,5 millions d’euros de recettes. Certes, des «efforts de bonne gestion sont nécessaires», a-t-il noté, et ils passeront par «l’installation future du portique de comptage des passagers et de la billetterie automatique».
Mais le président en a profité pour appeler, «de manière solennelle», à une «évolution» de la «répartition des compétences entre le département et l’État» et à «une concertation renforcée» avec le préfet «pour trouver ensemble la forme et les moyens nouveaux à consacrer au STM.»
D’autres liaisons maritimes et le pont
Renforcer la flotte est donc nécessaire mais pour le département, «c’est aussi, une opportunité pour réfléchir à diversifier l’offre de transport du STM», précise le président. Il annonce officiellement la création de «deux liaisons maritimes par le redéploiement des anciennes barges, entre Longoni-Mamoudzou et Iloni-Mamoudzou pour désengorger les réseaux routiers des centres urbains». Ces nouveaux axes maritimes seront réalisés «au cours de la mandature».
Le président a également évoqué sa rencontre avec la Commissaire européenne Corina Cretu au cours de laquelle il a plaidé pour «une augmentation de l’enveloppe allouée à Mayotte pour la prochaine programmation 2020-2026 des fonds structurels».
Son idée est de pouvoir financer de gros projets: «la construction de la grande salle polyvalente, la réalisation du centre régional de formation de sportifs de haut niveau, la réalisation du Centre régional de documentation et de recherche scientifique».
Le président parle aussi deux énormes chantiers qui devraient, à une échéance lointaine, radicalement modifier les flux de circulation: «la voie de contournement de Mamoudzou par le haut», «et surtout, le pont entre la Petite et la Grande Terre»… De grands projets, évoqués depuis si longtemps qu’on finit par ne plus imaginer leur concrétisation.
«Nous pouvons rêver pour après-demain, à d’autres modes de transport qui nous apparaîtraient plus modernes entre Mamoudzou et Dzaoudzi. J’entends parler régulièrement d’un pont ou d’un transport par câble. Mais il faut au préalable bien évaluer l’impact de tels projets sur l’environnement du lagon et en termes d’engorgement de circulation», a prévenu le préfet, venu participer aux festivités.
En attendant, ce mardi matin, on laisse les rêves de côté et on préfère célébrer le nouvel amphidrome, qui lui, est bel et bien arrivé et assure déjà ses missions dans les eaux mahoraises.
RR
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