Les acteurs de la forêt viennent d’accroitre leur maigre force de frappe, qui, pris isolément, est trop faible au regard de la menace à Mayotte. La Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF) est chargée, sous l’autorité du Préfet de Mayotte, de la mise en œuvre de la politique forestière sur l’ensemble du département. Elle travaille en partenariat avec l’Office National des Forêts (ONF) pour les forêts publiques et le Conseil Départemental pour les forêts départementales.
Brûlis, charbonnage, agressions sur les sentiers forestiers, obstruction du passage sur les pistes, les agents n’avaient plus les moyens d’assurer leurs fonctions, sur leur domaine d’activité.
Il faut dire que pour surveiller les 7.500 hectares de forêt publique, domaniale (Etat) ou départementale, l’office national des Forêt (ONF) ne dispose que de 4 agents assermentés, la DAAF de 6 pour le domaine privé et public, et le conseil départemental, d’une quinzaine.
Vol de véhicule de la DAAF
Face à la menace pour la sécurité de leurs agents, les services concernés ont souhaité opérer conjointement sur certaines affaires ou secteurs sensibles en forêt publique. L’organisation de patrouilles communes renforcées avec les trois partenaires (CD, ONF, DAAF) constituera une réponse opérationnelle, qui devrait apporter de la sécurité et de l’efficacité en matière de surveillance du territoire. Un véhicule de la DAAF ayant été volé récemment.
Des actions étaient malgré tout menées, « nous effectuons une à deux fois par mois des opérations d’arrachage de culture de bananiers et de manioc. Les problèmes sont surtout centralisés sur les crêtes nord, et au sud entre le Benara et Chirongui », témoigne au JDM Laurent Mercy, Directeur de l’ONF Mayotte.
Lors de ces affaires sensibles de destruction des charbonnières ou des cultures en forêts publiques, les forces de l’ordre pourront être sollicitées « en fonction de leurs disponibilités, comme c’est déjà le cas actuellement », indique la convention. Une évaluation du défrichement est en cours grâce aux photos satellitaires proposées par la DAAF.
Pessimisme
Lorsqu’ils constatent des dégradations, les acteurs sollicitent la justice, « les PV sont instruits, mais le parquet est déjà débordé par les phénomènes de délinquance des jeunes », appuie Laurent Mercy. Une convention pourrait d’ailleurs être signée avec le parquet pour ne pas avoir à solliciter un juge sur certains délits.
L’accord signé ce jeudi 27 octobre, d’une mise en commun des moyens humains et techniques, n’est donc qu’un premier pas vers une organisation tripartite plus poussée.
Malgré tout, Laurent Mercy n’est pas très optimiste : « L’amélioration ne passera que par une prise de conscience de la population. Nous étudions actuellement la possibilité de mettre en place une aire protégée forestière, mais nous avons besoin de moyens conséquents. »
Rappelons que le déboisement est facteur d’érosion des sols, et les padzas en sont une preuve visible, qui offre à l’eau de pluie un toboggan vers le lagon et son envasement, empêchant l’infiltration dans le sol et donc l’alimentation des nappes sous-terraines. Et l’absence de forêt nuit à la nébulosité, faisant planer le risque de pénurie d’eau à l’avenir.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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